Les années ont beau passer, Thorfinn ne cesse d’être assailli dans ses rêves par les spectres des morts qu’ils causé. Qu’importe sa volonté de rédemption, qui est-il pour vouloir une deuxième chance alors que ses victimes n’en ont eu aucune ? « Nous ne te relâcherons jamais ! » lui crie t-il alors qu’il tente de gravir une montagne. « Je vous en prie ! » supplie Thorfinn. « Ne vous agrippez pas à moi comme ça ! Quand je serai arrivé en haut, je reviendrai avec une corde ! Je vous jure que je reviendrai ! Patientez encore un p… ». C’est à cet instant que l’ancien guerrier se releva en sursaut. Réveillant par la même occasion sa femme, Gudrid. « Tu veux boire de l’eau ? » lui demande t-elle. « Non, ça ira… Je devrais aller dormir à la bergerie ». « Non ! Karli ne se réveillera pas et quant à moi, sentir ton odeur me donne instantanément envie de dormir ». « D’accord… ». « Toujours le même rêve ? ». « Oui ». « Et personne ne vient t’aider ? ». « Personne ». Finalement, et malgré toute la bonne volonté de Thorfinn, ce premier voyage vers le Vinland ne sera pas de tout repos.
Je dois reconnaitre à Makoto Yukimura un sacré talent en matière de narration et d’anticipation ! Certes, il y a parfois des errances. Comme l’introduction de Halvar, fils de Thorkell éduqué comme une fille parce que sa mère ne voulait pas qu’il parte en guerre. En soi, le concept est sympa mais un peu plombé par des clichés maladroits. Ici, Halvar entre dans la case de la géante au coeur d’or qui ne ferait pas mal à une mouche. Je compte sur Makoto-san pour étoffer sa persona au cours du premier voyage ! Lequel s’annonce exaltant comme jamais ! On a l’impression, depuis pas mal de volumes maintenant, que tout va bien mieux dans l’odyssée de Thorfinn.
Malgré des fantômes qui ne cessent de le poursuivre, Thorfinn a depuis trouvé l’amitié (Einar), l’amour (Gudrid), une deuxième chance (Askeladd puis Hild) et ce premier voyage vers le rêve de son père. On pourrait trouver le rythme monotone et prévisible mais je pense que c’est voulu de la part de Yukimura-san. La tempête ayant eu lieu lors du premier arc, il s’agit désormais de se reconstruire. Quitte à prendre de nombreuses libertés avec la cohérence dramatique. Malgré les batailles, malgré les dangers, aucun « gentil » ne semble appelé à mourir. Du moins pour le moment.
Nous aurons probablement des frayeurs mais celles-ci pourraient n’être qu’une goutte d’eau dans l’océan de découverte qui s’annonce. Premier voyage d’introspection et quête en vue d’aboutir à un idéal de paix. Un monde où l’épée n’existerait plus et serait remplacée par le respect mutuel ainsi que la nécessité de s’entraider. Une mondialisation avant l’heure, somme toute ! La dispute qu’a Thorfinn avec Ivar qui tient absolument à ramener son épée rappelle les débats actuels sur le port légal de l’arme à feu aux États-Unis. En vue de parer à l’imprévu, en vue de se défendre face à des velléités humaines fourbies de mauvaises intentions, avoir une arme sur soi serait non-seulement avisé mais vital.
Seulement voilà, lorsqu’on jette un oeil au nombre de morts par arme à feu aux US, on se rend compte que le sang coule bien plus qu’il n’est potentiellement sauvé. En faute —> L’égo humain, sa cruauté inhérente, sa violence sous-jacente et l’instinct de vengeance dès que la tragédie frappe. Ainsi se poursuit le cycle de la haine. Le fait que Ivar persiste à ramener son épée avec lui en la cachant des yeux de Thorfinn laisse à penser qu’il finira par y avoir un drame. Peut-être avec les natifs du Vinland. Ce qui compliquerait drastiquement la trajectoire de ce premier voyage. Allez, la suite ! Voir Halfdan faire son papy gâteux après avoir vu son petit-fils m’a beaucoup amusé, ahah.
