« Allez, enfoncez-moi ça !!! » hèle Asgeir alors que les portes de la base des Jomsvikings sont enfin ouvertes. Évidemment, le général Thorkell est présent dans la première ligne d’offensive. Soit la position la plus risqué ! Mais comment convaincre un fou de guerre de rester en retrait ? Impossible. Pendant ce temps, Gros Lard supplie Sigurd de battre en retraite. « Qu’est-ce que tu jactes ! » rétorque celui-ci. « Il faut bien que quelqu’un protège les portes… Gudrid ! Raconte ma fin à mon père ! Tu lui diras que je suis mort d’une manière dont nos ancêtres n’ont pas à rougir ! ». Mais Gudrid n’a aucunement l’intention de laisser cet imbécile mourir. « Je rentrerai avec toi et nous retournerons en Islande… » lui promet-elle après l’avoir frappé. « Alors ne meurs pas ». […] « Tu entends ça ? » s’excite Garms. « La clameur du fer ! Qu’est-ce qu’on s’amuse !!! ». Vivre pour mourir ! Est-ce vraiment la seule voie des Hommes ? « Non… » persiste à penser Thorfinn. « Et je vais le prouver ici et maintenant ».
Un bon tome rempli d’action et de quelques moments marquants ! Pour autant, on reste deux crans en dessous de l’arc référence qu’est la prise au pouvoir de Canute. Avec ce finale abasourdissant d’un Askeladd tuant le roi Sweyn afin de permettre au prince de prendre sa place. Ainsi aura t-il vengé sa mère victime de Danois barbares qu’il conspuait au plus haut point. Quitte à utiliser leurs méthodes avilissantes. Malgré tout, le Renard aura tenté d’être quelqu’un de meilleur après sa rencontre avec Thors. Thorfinn l’a t-il compris ? On voit qu’il continue à éprouver du dégout envers lui après qu’il ait utilisé l’une de ses tactiques. « Vivre pour mourir ». Quelle signification revêt cette phrase ? Faut-elle la prendre littéralement comme le faisant jadis les vikings ? Ou est-il nécessaire d’y quérir une dimension qui se voudrait plus humaniste ?
La note de Makoto Yukimura en quatrième de page permet de comprendre le contexte de l’époque avec une durée de vie qui ne dépassait pas les 45 ans en moyenne. Avoir la trentaine était un miracle en soi et plus de la moitié des enfants mouraient en bas âge. Ajoutez à cela une science balbutiante et la nécessité humaine de croire en un ou plusieurs dieux, vous obtenez des hommes prêts à donner leur vie afin d’entrer dans leur paradis. Pour les Vikings, il s’agit du Valhalla. La scène où un viking mourant prend peur en constatant l’absence de Valkyries et du Bifröst (l’arc-en-ciel qui fait office de pont entre la Terre et le Ciel dans la mythologie nordique) est particulièrement intéressante. Et si le fait de vivre pour mourir nous dépassait complètement ? Les croyances de peuplades persuadées d’être dans le vrai ont en réalité toutes les chances d’être dans le faux.
L’une des qualités de Vinland Saga est de nous faire réfléchir sur le sens qu’incarne la vie à travers les différentes époques. Quitte à apposer un cachet shonen parfois trois gros pour nous maintenir éveillé(e)s. Je pense, par exemple, à la force herculéenne de Thorkell ou à l’introduction de cet Hulk de trois mètres qui apparait out of nowhere. Pourquoi pas ! Après tout, cela faisait longtemps que Thorkell voulait s’en donner à coeur joie. Lui, le fou de guerre. Et contrairement à ce que je pensais, Garms survit ! Vaincu et épargné par Thorfinn qui, en tant que nouveau commandant des Jomsvikings, s’empresse d’ordonner leur destitution. C’est ainsi que la quête pour le Vinland reprit de plus belle ! Et j’ai hâte de savoir si la courageuse Gudrid, qui a probablement sauvé l’homme qu’elle aime en empêchant Thorkell de l’affronter, sera de l’aventure. « Vivre pour mourir ». Nous n’avons pas fini d’explorer les ramifications de cette maxime.
7/10
*Coup de Coeur*
