À même le sang et les pleurs d’un enfant, un homme s’apprête à tuer l’unique rescapé. « Désolé… » balbutie t-il. « J’ai eu tort ! Je le réalise, maintenant !!! Je te libère ! Je le jure sur Odin !!! ». Mais ce n’est plus assez pour l’ancien esclave. « Tu seras mon maître et je serai ton esclave ! » poursuit-il. « Par pitié !!! ». « Bien, esclave… » déclare celui qui n’est régi que par la haine. « Dans ce cas, meurs ». Il ne reste désormais plus que lui, l’ancienne esclave et son petit. « Je jure que je viendrai te chercher… » promet la figure de colère. « Arnheid ». […] « Pourquoi tu boudes ? » s’étonne Einar. « On va bientôt être libres ! ». « Tu sais ce que tu vas faire une fois que tu seras libéré ? » s’interroge Thorfinn. « Hm… L’offre du maître est alléchante mais je ne parviens pas à prendre de décision ». Ceci-dit, la perspective de rester travailler ici afin d’espérer un jour libérer Arnheid mérite réflexion. « Qui sait de ce que demain sera fait ».
Voir Sverkel, d’habitude si énergique, être paralysé par le vieil âge est un crève-le-coeur. Rappel que chacun d’entre nous est promis à la décrépitude du corps et de l’esprit. À moins que la science ne nous en éloigne drastiquement mais nous n’en sommes pas encore là. Ici, à l’époque de l’ère Viking (700-1000), atteindre la soixantaine était déjà inespéré. De fait, Sverkel fait partie des fortunés. Ce qui, bien sûr, ne pallie en rien la douleur qu’est la sienne. Cette impuissance à pouvoir contrôler sa propre chair. Et la sénilité qui frappe au point de perdre son soi. Au moins est-il entouré d’abrutis aimants tels que Serpent, Einar ou Thorfinn. Sans compter la bienveillance de Arnheid.
Une parenthèse qu’il convient de savourer tant que faire se peut. Car à partir de maintenant, la haine se prépare à prendre le pas. Comme on pouvait s’y attendre, Arnheid est la femme de Gardar. Et l’homme libre entend bien s’échapper de ces terres maudites à ses cotés. Régi par l’espoir et la folie.