« Ubbe ? » peine à croire Floki alors qu’il touche le visage du fils de Ragnar. « Et Torvi ! ». « Je peine à croire qu’il s’agit de toi » répond la guerrière. Et pourtant, les voilà en face d’une légende du monde viking. Le facétieux et inimitable Floki. « Viens, Ubbe ! » l’invite t-il. « Rattrapons un peu le temps perdu ». […] « Ces gens-là ont toujours pris soin de moi » indique Floki alors que trois Mi’kmag se trouvent à ses cotés. « Quand je suis arrivé sur ce nouveau monde, je tenais à peine debout. Un vieux fou malade ». Mais plutôt que de le laisser périr, les natifs d’Amérique l’ont guéri. Petit à petit, Floki a repris des forces et retrouvé son esprit. « Pourquoi as-tu quitté l’Islande ? » s’interroge Ubbe. « Il y a tellement de versions de l’histoire… Quelle est la tienne ? ». « Je l’ai quitté lorsque la tristesse et la souffrance m’ont accablé… » répond Floki. « Tant et si bien que je me suis senti abandonné des dieux. Je n’entendais plus leurs voix. Je n’entendais plus rien ». Le monde ne faisait plus sens. La réalité s’effondrait comme neige au soleil et, alors que tout était perdu, Floki trouva un bateau. « Qu’importe le temps perdu, je suis et resterai un viking ». Voilà pourquoi Floki s’élança vers l’inconnu. En quête d’un renouveau. En quête de quelque chose qui mettrait fin au cycle de la haine. « Ici, maintenant, Ubbe, tout recommence ».
Ainsi se conclut l’une des plus grandes séries historiques au monde. Par la destruction d’un ancien monde et l’avènement d’un renouveau. J’ai apprécié la fin de Ivar. Le fait qu’à sa mort, le sans-os se retrouve transi de peur à l’idée que tout soit fini montre que tout être, aussi exceptionnel soit-il, reste humain. Autrement-dit perclus de faiblesses et d’aspérités. Ce qui fait à la fois notre grandeur et notre malheur. Au final, Ubbe aura été le véritable héritier de Ragnar. Celui qui comprit, à la toute-fin, que rattraper le temps perdu ne pourrait jamais se faire sans le sacrifice d’une partie de leur histoire. Tuer le Viking pour mieux le protéger. La volonté de conquête sans fin d’Ivar a fini par causer sa perte. La volonté de découvrir l’autre d’Ubbe a contribué à sa prospérité. Quoiqu’il en soit, au bout du compte, aucun des fils de Ragnar n’a connu une « vie ordinaire » comme le dit si bien Hvitserk (ou, désormais, Athelstan). Et n’est-ce pas là une partie de nos rêves ? Se détacher des sentiers battus et devenir quelqu’un en se jouant des codes. Parfois, en les brisant, ce qui n’amène jamais rien de bon, parfois, en les respectant, à la recherche d’une harmonie universelle qui relierai les peuples, les animaux et la Mère Nature. Vikings m’aura bouleversé de bout en bout. Une série complète et inoubliable. Gloire au Crépuscule des Dieux. Gloire au Renouveau.
