« Dis-moi… » demande le beau gosse à Suzume Iwato. « Tu connais le coin ? Je cherche des ruines pas loin ! »? Ainsi se rencontrèrent pour la première fois Iwato et Sôta Munakata. […] « Ce maudit chat ! » peste Sôta. « Il m’a transformé en chaise !!! ». « Mais pourquoi ?! » peine à croire la jeune femme. « Parce qu’il ne veut plus être le sceau ! ». « À moitié vrai ! » ricane le félin en prenant la poudre d’escampette. À ce moment-là, Sôta avait un pressentiment de ce qui venait vraiment de se passer. « Mais je ne voulais pas y croire… » admet-il. « Parce que je voulais vivre… Parce que je voulais désespérément vivre ». Croire en de meilleurs lendemains. Aux cotés de cette fille qui, hier, n’était rien. « Toi qui, aujourd’hui, es tout pour moi ».
Après une introduction visuellement sublime et me rappelant combien les oeuvres de Makoto Shinkai sont magnifiques, je m’attendais à une oeuvre un tant soit peu supérieure aux Enfants du Temps. Mais bien loin d’un Your Name qui m’a marqué pour la vie. Poétique, poignant, éthérée et me faisant croire en de meilleurs lendemains. Pourtant, Suzume est parvenu à l’égaler au fur et à mesure d’un road trip tendre et spontané. Entre deux personnes nouant un lien à même les caprices des dieux.
Des caprices qui se muent parfois en colères noires et aveugles. Marquant à jamais ce pays si fort et fragile à la fois qu’est le Japon. J’ai mis un moment à comprendre que le trauma de Suzume reposait dans celui de toute une nation. Et quel choc. Quelle force qui jaillit du coeur d’un peuple résolu à avancer malgré les horreurs. J’avais du mal à percevoir le temps passé par Suzume avec ces « inconnus ». Mais ce n’était que pour renforcer le propos du film. Oui, la mort fait partie du quotidien. Et s’en relever lorsqu’elle affecte nos proches, parfois dans des circonstances soudaines et terrifiantes, parait une tâche insurmontable.
Mais le temps passé auprès des vivants, à défaut d’effacer les blessures, les cicatrise. Oui, il est possible de sourire à nouveau tout en se rappelant de la douleur passée. Sans conteste, Suzume est mon Shinkai favori aux cotés de Your Name. J’ai ri, j’ai pleuré, j’ai espéré et contemplé.