« Va t’en petit… » lui intime Serizawa, l’un des Ultimate 5 de La Griffe. « Je n’ai pas envie de te blesser ». Et en gage de sa bonne volonté, voilà que l’ex-hikkomori… relâche l’otage ? « Le premier ministre ! » s’exclame Mob. « Quoi ?! Vous êtes le premier ministre ?! ». Cet homme a l’air un peu à l’ouest. Surtout, Shigeo sent que cet individu a bon fond. Alors pourquoi avoir pris part à la destruction de Salt City ? « Vous avez détruit la ville… » lui fait comprendre Mob. « Il y a probablement de nombreuses victimes ». « T’inquiètes ! » réplique Serizawa. « L’ordre d’évacuation a été donné ! Le patron a dit que la plupart des citoyens avaient quitté le secteur ». « Le patron ? » s’interroge Smile. « Oui… Celui qui m’a sauvé en me sortant de mon trou putride et m’aide à me réinsérer dans la société ! En restant à ses cotés, je n’ai rien à craindre ! ». Plus Mob l’écoute, plus il réalise une chose fondamentale sur lui et les autres. « Je suis le héros de ma vie et vous devriez en faire tout autant, Mr. Serizawa ». « Huh ? ».
C’est fou comme Mob est parvenu à évoluer en l’espace de douze tomes ! Là où l’autre héros de ONE, Saitama, n’a fait que du sur-place. Il faut dire qu’une différence de taille sépare les deux hommes. D’un coté, Shigeo dispose d’une marge de progression constante malgré des pouvoirs psychiques immenses. De l’autre, Saitama est devenu invincible, indestructible et doté d’une puissance capable de détruire en un coup n’importe lequel de ses adversaires. Parfois même lorsqu’il ne combat pas « sérieusement ». En résultent deux individualités foncièrement différentes —> De tome en tome, Shigeo est passé d’un garçon timoré ayant peur de ses pouvoirs au fervent défenseur du motto « Je suis le Héros de ma Vie ». Prêt à avoir mal et à risquer sa vie pour sauver le plus de monde possible. Allant même jusqu’à tendre la main à ses adversaires. Saitama, lui, se contente de tuer des extraterrestres et des monstres (autrefois humains ou animaux précisons-le) en baillant aux corneilles et en luttant contre un sentiment d’ennui qui le ronge.
Pourtant, King, son cher ami, lui a donné des perspectives d’évolution « Il n’y a pas que la puissance qui compte… La façon dont on s’en sert et l’attitude comptent énormément ». Mais rien à faire, le chauve cappé ne veut rien entendre. Il pourrait par exemple se mettre aux arts martiaux (ce qu’il a tenté de faire) mais sa force démesurée l’empêche de s’y mettre sérieusement. Un peu comme si vous étiez un Pokémon niveau 100 tentant de progresser aux cotés de Pokémon niveau 1 versés dans arcanes du combat. Et encore, même un Pokémon niveau 100 a des HP. Saitama (mis à part peut-être son âge) n’en a pas et c’est là sa plus grande malédiction. Bref ! Je trouve cette dichotomie Mob v Saitama passionnant. Quand bien même ce tome s’attarde trop longtemps sur le combat final entre Suzuki Toichiro, leader de La Griffe, et Shigeo.
D’autant plus qu’on a du mal à saisir la complexité de Toichiro vu qu’il n’en a pas ! C’est juste un méchant comme un autre qui, du fait de sa puissance hors-normes, a décidé de conquérir le monde sans empathie aucune à l’égard d’autrui. Pas même son propre fils, Sho, qui le déçoit énormément. « Les forts n’ont pas besoin de sentiments puisqu’ils sont capables de s’emparer du monde ». On a rarement vu aussi stéréotypé et fade. Trop de méchants sont ainsi et c’est une plaie avec laquelle bon nombre de shonen doivent composer. « Je suis le Héros de ma vie » se transforme en « Je suis le plus fort et je vais tout détruire mwahaha ». Heureusement que la bienveillance continue de Shigeo sauve un peu la donne ! Hâte de voir la conclusion qui, à n’en pas douter, fera franchir à notre héros un nouveau cap. Aussi bien pour lui que pour son entourage.
7/10
*Coup de Coeur*
