It’s Okay To Not Be Okay : La Quête Des Sans-Visage

Okay To Not Be

Il était une fois une jeune fille rêvant en silence dans un château caché au plus profond de la forêt. Toujours seule, elle s’ennuyait terriblement. Voilà pourquoi elle décida un jour de quitter sa citadelle en vue de se trouver un ami avec qui jouer. Malheureusement, le courant ne passa pas avec les enfants du village. Malgré ses cadeaux (des têtes de poulet) ! Très vite, on lui donna un surnom —> « Le Monstre suivi par l’Ombre de la Mort ». La fillette était en colère contre ces âmes qui la rejetait si hardiment. Jusqu’au jour où elle pêcha un curieux garçon qui, redevable de lui devoir la vie, et peut-être sous le charme de son démon-gardien, tomba instantanément amoureux d’elle. Ainsi débuta la quête des Sans-Visage. « It’s okay to not be okay ».

Cela faisait plusieurs mois que l’on me recommandait sans cesse It’s Okay to not be Okay ! Sans que je ne franchisse pour autant le pas. Il faut dire que hormis Kingdom, je ne m’étais plus replongé dans le genre du drama coréen depuis un bail. Et contrairement à Vincenzo, plus noir et violent que la moyenne, ce drama reste articulé autour d’une histoire d’amour. Mais pas que ! Loin de là… De fait, nous réalisons bien vite que nous nous dirigeons vers l’articulation d’un triptyque écorché vif plongé dans un cauchemar sans fin. Et ce n’est qu’en s’entraidant les uns des autres qu’ils pourront espérer surmonter enfin leurs stigmates. Et avancer.

Okay To Not Be
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De fait, les arcs narratifs de Ko Mun-yeong, auteure taciturne au succès incroyable, Moon Gang-tae, interne au regard triste travaillant dans un centre psychiatrique, et Moon Sang-tae, grand frère autiste peinant à s’intégrer en société car enveloppé de cauchemars, sont passionnants. Narrés à la perfection et dotés d’une substance telle qu’on a tôt fait de s’attacher à ce trio peu banal. D’autant plus qu’il aborde la question du trauma psychologique avec une rare justesse.

À cet égard, le personnage de Moon Sang-tae m’a beaucoup impressionné. La performance de l’acteur Jung-se Oh est si crédible que j’ai cru qu’il était atteint d’autisme dans la vraie vie. Ses mimiques. Son timbre de voix. Sa façon de se déplacer. Ses regards. Impossible de ne pas être touché par le combat au quotidien de cet enfant coincé dans un corps d’adulte. Lequel aimerait grandir et ne plus autant compter sur son petit frère. Tout en n’ayant pas les clés pour y parvenir. Une détresse visible quoique souvent désamorcée par son caractère altruiste et protecteur.

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Sans omettre sa passion incroyable pour les dinosaures ! Paradoxalement, Moon Sang-tae est bien plus expressif que Sang-tae qui ne cesse de prendre sur lui. Il ne s’attache à personne et ne vit pas sa vie comme il le devrait. Que ce soit en amour ou en amitié (malgré les efforts répétés et louables de son meilleur ami Jo Jae Soo). Lui-aussi est quelque part resté un enfant sans sourire. Marqué par un traumatisme béant dont l’emprunte est voué à ne plus jamais se refermer.

Enfin, Ko Mun-yeong est aussi incisive à l’extérieur qu’elle n’est fragile à l’intérieur. Hantée par un passé si lourd qu’il l’a en partie déshumanisé. Il aura fallu compter sur la force du destin et ses retrouvailles avec le garçon sans sourire pour propulser un nouvel espoir. En terme de récit, nous comprenons très vite que l’écriture s’oriente vers une fable moderne et noire. Plongeant dans les cicatrices ouvertes de trois personnages principaux mais aussi bon nombre de personnes qui les entourent. À commencer par les patientes et patients de l’hôpital psychiatrique.

Okay To Not Be

Création d’un avatar en vue de ne pas composer avec un décès insurmontable. Isolation continue après avoir traversé l’enfer de la guerre. Anesthésie des sentiments suite à l’échec d’une vie. Chaque stigmate est différent mais le mal-être qui l’accompagne, cette sensation d’un coeur qui s’arrache au sein d’une forêt d’épines, est commun. La vie est souvent ponctuée de souffrances. Et plus on avance en âge, plus celles-ci se multiplient et se font sentir. Parfois, pour les moins chanceux, le malheur frappe très tôt.

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Alors que faire ? Se battre ? Oui, bien sûr. Mais en acceptant l’idée qu’il est normal de ne pas aller bien. « It’s Okay to not be Okay ». Cette devise, cette maxime accompagne le drama de bout en bout. Invitant à l’introspection de nos propres démons et notre façon de les cacher ou non. Certes, avancer est important. Mais avancer les yeux ouverts l’est d’autant plus.

On pourrait craindre que la lourdeur des thématiques abordées ne finisse par influer sur notre humeur mais ce n’est pas le cas. D’une part parce que cet humour si commun aux productions coréennes est présent (et réussi). D’autre part parce que Park Shin-woo s’attelle à distiller de l’espoir au fur et à mesure de la traversée des épines. Et autant vous dire que les larmes seront au rendez-vous ! Au gré des avancées et reculades de nos sans-visage en quête de Vie. À moins d’être totalement réfractaire aux codes du drama coréen, je ne peux que vous recommander It’s Okay to Not be Okay. Vous ne le regretterez pas.

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Catégorisé comme Dramas

Fondateur de YZGeneration, YummyZ, Ikke et Bang. Alter ego de Fafa Le Geek.

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