« Vous ne regardez ni l’ennemi qui vous fait face, ni le membre de votre famille qui se bat à vos cotés… » réalise Maitre Yato alors que son propre membre, exposé à la vue de tous, dépérit à vue d’oeil. « Vos yeux se portent sur quelque chose de bien plus grand et lointain ! ». De quoi se réjouir du futur des Yato ! En revanche, l’avenir du bambou de la « Légende Yato » appartient désormais à l’histoire. « Bien ! » s’invite à la fête Gintoki. « Je suis fort content de vous voir réconciliés mais si tu veux en découdre avec ta soeur, je suis avant elle sur ta liste d’attente ! ». Ha, si seulement cette incroyable dynamique, née à coups de réconciliations miraculeuses et de bravades incessantes, avait pu se poursuivre. « Mais je ne peux plus supporter de vous voir résister en vain… » leur fait savoir Utsuro. « Une petite devinette, vous n’avez jamais trouvé bizarre que je n’ai jamais cherché à détruire la Terre ? Me pensiez-vous nostalgique ou capricieux ? ». « Maitre… » réalise Gintoki. « Non… » poursuit Utsuro. « C’était simplement pour tous vous tuer en même temps ». À la gloire du Dragon de Foudre.
À nouveau, Hideaki Sorachi démontre qu’il est capable d’instaurer de la dramaturgie à même Gintama. Et c’est ce qui fait de ce manga une oeuvre si intéressante dans le paysage shonen. On rit beaucoup, énormément, mais on se prend également de passion pour les rares arcs sérieux. D’autant plus lorsqu’il s’agit de l’arc final et que tous les enjeux sont de mise. Ici, le développement de Shinsuke Takasugi et son refus d’abandonner ses camarades malgré sa philosophie montre à quel point le « nemesis des anciens temps » a grandi. Le voir se résigner à respecter la volonté de son ami, Bansai, alors même que la faucheuse plane au-dessus de lui, fut très touchant.
Quant à l’impact émotionnel, autant la mort de Bato, l’une des Trois Étoiles de l’Infortune, n’est pas marquante vu qu’on le connaissait peu, autant celle de Bansai est plus douloureuse. Cela faisait un bon moment que le lieutenant et ami de Takasugi protégeait ses arrières. Et ici, malgré sa volonté de vivre à tout prix, supplantant l’idée de « sacrifice nécessaire », Bansai ne sera pas parvenu à faire ployer le Dragon de Foudre. Incarné par les déterminations farouches d’Utsuro et du Prince de la Poudre à Canon à tout brûler. En revanche, la flamme de sa mort sera parvenue à initier le début d’un renversement à même le destructeur de planètes qu’est le Hinokagutsuchi.
J’ai également apprécié la volonté du Seigneur Takechi à prendre tous les risques imaginables pour permettre à Shinsuke d’atteindre la salle de contrôle du Hinokagutsuchi. Lui, Bansai, Kijima Matako ou encore Okada Nizou sont l’âme du Kihetai. Et au vu de leur participation clé dans cette guerre pour protéger la Terre, il va sans dire que leur organisation, si elle survit, aura son mot à dire sur l’après-Edo. De même que le Mouvement Joi de Kotaro Katsura et le Kaientai de Tatsuma Sakamoto. Rappelons que le Japon était gouverné par les Amanto depuis plus de vingt ans et que les Samouraï étaient en voie d’extinction. Il va sans dire que la victoire qui se profile bouleversera l’échiquier.
Et pas forcément avec une mise au ban des Amanto mais un partenariat d’égal à égal. La rédemption en devenir du Prince Hata semble aller dans cette direction. Plutôt qu’un Dragon de Foudre, érigeons un Tigre de Feu qui se tiendrait à ses cotés. Voir Katsura, Tatsuma et Takechi mettre un terme à la folie destructrice du prince est incroyable ! Et quelle tension alors que bon nombre de leurs compagnons (Elisabeth, Mutsu) tombent les uns après les autres ! Un arc final assez incroyable et cela d’autant plus qu’il semble avoir été muri de A à Z par sieur Sorachi. Encore six volumes…
