Falconia : « Voici le rapport sur la situation militaire dans les plaines de l’ouest… » annonce Locus, l’un des Apôtres de la Bande du Faucon, alors que le Conseil vient de commencer. « Les lanciers ont quasiment décimé les trolls, ogres et autres géants mais il nous faut néanmoins accroître la surveillance des forêts et rivières qui demeurent sauvages ». Du coté des Mines du Nord occupées par les gobelins, il est là-aussi urgent d’intervenir. « Quant aux Jötnar de l’Est… » poursuit Locus. « Vous n’êtes pas sans savoir que notre nouvelle armée royale les a anéanti ». Une armée avec, à sa tête, le roi de Falconia en personne. « Sa majesté, Griffith ! ». « Parfait, parfait ! » se satisfait un trésorier royal. « Il n’empêche que votre proposition d’un orphelinat, Princesse Charlotte, tombe très mal… Nous n’avons pas les fonds ! ». « Ha… » regrette Charlotte. « Dans ce cas… ». « Non… » intervient Griffith. « Pour assurer notre survie, la prospérité est notre seule voie ». En vue de vivre un jour sous un ciel sans nuages.
C’est avec le coeur lourd que j’écris cette review. Conscient qu’un maître de la Dark Fantasy nous a quitté il y a plus d’un an maintenant. Le 6 mai 2021, Kentaro Miura est décédé des suites d’une dissection aortique aigüe. Il avait 54 ans et, en 2019, confessait son désir de continuer à dessiner Berserk jusqu’au bout. Cela ne sera malheureusement pas le cas. Aux dernières nouvelles, Koji Mori, mangaka et ami d’enfance de Miura-san, aurait repris les rennes pour poursuivre l’aventure jusqu’au bout. Accompagné de l’équipe du maître. Un choix évident quand on sait que Kentaro s’est inspiré de leur rivalité passée pour créer le personnage de Griffith.
En parlant du nemesis de Berserk, je suis impressionné par la quantité de détails qui nous est ici donnée eu égard au développement de Falconia et ses fortifications. Qu’il s’agisse de l’aspect militaire, humanitaire, économique ou culturel, tout a été pensé de manière cohérente et ambitieuse. Surtout, Griffith semble embrasser la vision de Charlotte comme quoi personne ne devrait être laissé sur le bas coté. « Car voilà un ciment redoutable pour la rancoeur et la rébellion ». Au contraire, intégrer et brasser toutes ces populations aux horizons lointains sous une seule et même bannière est sa priorité absolue. On en oublierait presque le sang qu’il a fait couler pour réaliser son rêve.
Mais à l’image de Guts et Casca, impossible d’oublier une telle douleur. Quand bien même plus le temps passe, plus je me m’interroge sur cette colère qui consomme l’Épéiste Noir. « Ce sera à toi de voir si, à la toute fin, tu fais de ta colère un souffle de vie ou un karma de mort ». Quel chemin a emprunté le Cavalier Maudit ? Et pourquoi la femme dont il s’est épris ressemble t-elle à à la Reine de Elf Helm, Danan ? Comment espérer atteindre un ciel sans nuages après avoir traversé moult tempêtes ?
Dans ce tome, beaucoup de liens se tissent et se reconstruisent. Casca réapprend à être elle-même, Schierke devient amie-amie avec la sorcière rebelle, Isma, la sirène, se fond peu à peu dans le cadre et l’identité de l’enfant pleine-lune nous est enfin révélée. Je n’aurais jamais imaginé qu’il s’agissait de Griffith… Comment vont réagir ses anciens camarades ? Le meilleur ami qu’il a trahi et la femme aimée qu’il a violé ? Le paradoxe étant qu’un lien maternel et paternel s’est développé entre Casca X Guts et ce petit être qui leur a par ailleurs sauvé la vie à plusieurs reprises. « Comment viser un ciel sans nuages alors que les ténèbres ne cessent de border les rivières de nos coeurs ? ». Et quelle cruelle ironie d’apprendre qu’un autre maitre, Kazuki Takahashi (Yu-Gi-Oh), vient à son tour de nous quitter. Puissent leurs âmes reposer en paix.
L’auteur de YU GI OH vient de mourir aussi
Oui j’en parle dans la review