« Je vous avais demandé des gros plans de Louis !!! » éructe le président du Club de Journalisme. « Et tout ce que j’ai, ce sont des gros plans de crâne !?! ». « Mais il portait un crâne… » tente de se défendre vainement un buffle. « Des excuses ! Toujours des excuses !!! Qu’en est-il de la séance d’applaudissements post-pièce ?! ». « Il n’était pas présent ». « Louis ? LE Louis ? Celui qui adore être applaudi et projette d’être le prochain Beastar ?! Foutaises !!! ». Et pourtant, c’est bien ce qu’il s’est produit. Louis se retrouvant désormais sous perfusions pour avoir trop demandé à son corps souffrant. Dès son réveil, la seule chose dont il s’enquit fut de savoir si le public avait été témoin de sa disgrâce. « Non… » le rassure le directeur pélican. « Le rideau était baissé quand tu t’es évanoui ». « Tant mieux ! ». Reste à savoir comment se débrouiller avec une patte gauche cassée. Alors même que la pièce doit être jouée demain. « Je le sens, l’atmosphère n’est plus en ma faveur ». La pitié est un poison.
Décidément, Beastars est un manga très intéressant. La pitié est un poison lorsque l’on est un herbivore souffrant. Qu’importe son statut. Qu’importe son aura. Et voir que le remplaçant de Louis, Bill, un tigre, se réjouit de se donner à fond contre Legosi (qui le remplace dans le rôle du méchant), est symptomatique. « Montrons-leur que des carnivores qui s’assument ont tout à fait le droit d’être au premier plan ». Autant vous dire qu’il est facile d’établir des parallèles avec notre société. Les « Forts » (nantis carnivore) d’un coté et les « Faibles » de l’autre (pauvres herbivore) contraints de vivre côte à côte. Or, nous ne naissons pas égaux. Certain(e)s ont cette précieuse cuillère d’argent dans la bouche. D’autres n’ont qu’une cuillère en bois. Si ce n’est leurs mains. Autre fait intéressant —> Le fait que Bill, nerveux et obsédé à l’idée de briller, en vienne à se « doper » avec du sang de lapin obtenu par un junkie. Là où Legosi a failli perdre le contrôle, Bill revendique sa nature en prônant « l’adaptation ». En résulte un choc des instincts et un Louis qui, à nouveau, parvient à exploiter la moindre opportunité de vie. Et si Beastars était la révélation 2019 aux cotés de Kimetsu no Yaiba ? Outre le propos, l’OST est sublime (trois endings déjà ?!) et la réalisation finit par faire son effet tant on y décèle une âme.