L’acte sexuel fait partie de nos vies. Du moins en ce qui concerne la plupart d’entre nous. Accompli seul(e), à deux ou à plusieurs, il incarne à lui-seul ce cocktail d’endorphine et de plaisir éphémère prompt à alléger le quotidien. Oublier, s’extasier, s’enflammer. Ou douter, parfois. « C’était génial ! » s’exclame Dex Thompson. « C’était pas mal… » tempère sa copine. « Je n’ai pas joui, ceci-dit ». « Mais d’habitude, tu jouis, non ? ». « Oui ! Avec d’autres gars ». « Mais pas avec moi ? Ça m’étonne ! Qui t’a fait jouir ? ». « Hm… Tom Baker, Joe Fuchart, Ryan Bailey… ». « Ok, j’ai compris ! ». Peut-être est-il temps de se remettre en question. […] Depuis qu’il a cessé de vouloir aider les autres en rejoignant le club des amours déchus, Otis est un nouvel homme ! Était-il pour autant nécessaire de faire pousser cette horrible moustache ? « C’est quoi ce truc sur ton visage ? » s’interroge un Éric horrifié. Que les cours reprennent !
On rit, on se découvre, on pleure et on apprend. Avec ce troisième acte, Sex Education continue d’émerveiller en abordant de nombreuses questions sociales sous un angle des plus chaleureux. Pour tout vous dire, j’ai personnellement appris que j’étais demisexuel (a.k.a. la nécessité d’établir un lien émotionnel avant d’entamer un quelconque acte charnel) en regardant Sex Education et Big Mouth. Merci, Netflix ! Vous avez rempli avec brio le vide laissé par le manque d’éducation sexuelle dans nos collèges et lycées !
Parvenir si brillamment à explorer les facettes humaines tout en ne faisant pas l’impasse sur les aspérités est l’un des points forts de cette série. Tout particulièrement lorsqu’elle prend place dans cette période instable et si courte qu’est l’adolescence. Comment espérer se connaitre en quelques années alors qu’une vie ne suffit pas ? « Qui parmi nous comprend vraiment l’Amour ? » raconte Jean Millburn. « Je sais seulement que lorsqu’il est présent, on le sent ».
Ce n’est pas pour autant que cela suffit à faire une relation. Trop souvent, on compte sur l’Amour et seulement l’Amour pour faire tenir un couple. Sauf qu’il s’agit de tellement plus que ça ! Savoir qui on est ou du moins avoir une idée de ce que l’on veut être dans le futur doit prédominer sur l’autre. Le personnage de Cal et le fait qu’il/elle se considèrent comme genderfluid montre que même avec de beaux sentiments, la perspective de bâtir un lien authentique est plus difficile qu’il n’y parait. Surtout lorsque le partenaire (ici l’incontournable Jackson) s’avère hétéro et cisgenre. Les amours déchus ne sont pas forcément une mauvaise chose.
Cela n’empêche pas d’aimer autrement. Dans l’Amitié aussi, il y a de l’Amour ! Un autre couple qui m’a beaucoup touché est évidemment celui entre Adam et Éric. Deux garçons qui s’aiment mais s’émancipent à un rythme différent. Trop différent. Là où Éric est prêt à s’envoler, Adam continue de tâtonner ce nouveau chemin qui s’offre à lui. L’un et l’autre sont touchants au possible. Deux carburants à cette incroyable série qu’est Sex Education.
Enfin, la surprise de cette saison est sans aucun doute le couple formé par Ruby et Otis ! Qui aurait pensé que la peste matérialiste attachiante était si… attachante ?! Bien plus terre à terre que je ne me l’étais imaginé. Et quel courage ! Quelle fortitude eu égard aux épreuves de la vie qu’elle affronte au quotidien. J’espère vraiment que Ruby sera à nouveau développée dans la S04. Elle m’a l’air d’avoir un recul dingue pour son âge. Imaginez confesser votre amour pour la première fois, après mout incertitudes et craintes d’être rejetée, pour que le sentiment ne soit pas réciproque. Combien d’entre nous à qui c’est arrivé ont choisi de se renfermer et de contenir leurs émotions ? Ruby showed us the way !
Rappelons toutefois qu’il est essentiel que chacun(e) d’entre nous réagisse à la déception amoureuse sans faire mentir ses émotions. Pleurer une relation et/ou faire son deuil est souvent incontournable. De manière plus générale, ne pas filtrer ce qui anime notre âme est essentiel en vue de s’accomplir. Et il n’est jamais trop tard pour le réaliser, n’est-ce pas, M. Groot ? Gageons qu’il saura ouvrir son coeur à ce fils dont il ne peut qu’être fier.
Dans le même ordre d’idées, la reconstruction de soi et l’évolution (parfois radicale) de ce que nous étions auparavant sont des concepts primordiaux. À cet endroit, l’arc narratif d’Aimee m’a touché. Je me demande combien de consciences ont été éveillées grâce à ce petit ensemble de protagonistes et leurs chaperons bien intentionnés.
Bien sûr, il y a également des personnages que l’on déteste. La proviseure Hope et son obstination à étouffer les désirs individuels des élèves, par exemple, m’a beaucoup tapé sur les nerfs. Mais même ici, les showrunners se débrouillent (parfois brièvement) pour nous expliquer comment de telles mentalités ont pu voir le jour.
Parfois, la pression des pairs et la peur d’être blessé(e) motivent les pires décisions. Parfois, elles engendrent les pires pensées. « On a tous des pensées horribles… » explique Jakob à une Ola angoissée à l’idée que son père la délaisse pour sa nouvelle famille. Parce qu’elle lui rappellerait les souffrances du passé. « Ça ne signifie pas pour autant qu’elles se réaliseront […] Quand je te regarde, tout ce que je ressens, c’est de la joie. Uniquement de la joie ».
Comment ne pas conclure cet article par Maeve ? Incroyable et téméraire Maeve ! Évidemment qu’elle a raison de poursuivre son rêve plutôt que de « tout gâcher pour un garçon » ! Je suis certain que nous la reverrons dans la prochaine saison. Elle et sa témérité à s’affranchir d’un carcan social ingrat et injuste. Sur ces entrefaites, santé aux amours déchus ! Et gloire à nos rêves ! Nos p*tains de rêves !
A ton avis, qui est le père du bébé ?
Aucune idée ! En tout cas, ça va foutre un sacré bordel ahah..