C’est du jamais vu en France depuis la création du Pôle Emploi : jeudi dernier et hier, deux chômeurs confrontés à une perte des assedic se sont immolés vifs devant le centre en charge de leur dossier. L’un est mort de ses blessures et l’autre est aux urgences avec plusieurs brûlures de premier et deuxième degré. Mais comment la situation a t-elle pu dégénérer à ce point ?
Concernant le premier, il se prénommait Djamal C., habitait Nantes et travaillait à l’époque dans la confection de décors de théâtre. Drogué du travail, il aura enchainé les travaux précaires dont le dernier consistait à s’occuper de la manutention pour une entreprise de transports. C’est à partir du moment où il a réalisé qu’on refusait de lui octroyer ses assedic que la situation de Djamal a commencé à empirer.
La raison : Djamal aurait omis de déclarer certaines heures de travail et son agence lui aurait alors demandé de rembourser le trop-perçu sans qu’il ait pour autant le droit aux indemnisations chômage. Or, Djamal était déjà accablé par les dettes et il faut croire que cet évènement a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le mercredi 13 février, en plein après-midi, Djamal s’est immolé devant son centre Pôle Emploi et en est mort. Le deuxième était quand à lui un chômeur de 49 ans en fin de droits, probablement endetté lui aussi, et a tenté de s’immoler en plein Paris à Saint-Ouen. Les secours sont intervenus avant que l’homme n’expire.
Encore plus inquiétant : un élève de 3ème qui a lui aussi tenté de s’immoler parce qu’il se disait influencé par les évènements de ces derniers jours : on l’en a heureusement empêché et seul son blouson a brulé. C’est dire combien le contexte de crise a atteint un point critique quand on voit à quel point certaines personnes sont suffisamment désespérés pour vouloir mettre fin à leur vie. Combien de morts encore avant que l’État n’essaye de remettre en cause l’ensemble du système du travail ? C’est un fait notoire que le Pôle Emploi pourrait être beaucoup plus efficient qu’actuellement. De nombreuses personnes ont l’impression que plutôt d’essayer de les aider, Pôle Emploi fait au contraire tout pour les radier au plus vite de la liste des assedic. Et ce n’est pas l’envoi d’offres de travail (quand il y en a) n’ayant rien à voir avec les compétences des dites-personnes qui arrange les choses. Ne parlons pas des fameuses listes noires, des 150 dossiers par agent et du personnel souvent remercié après avoir acquis 1 an et demi d’expérience.
