« Quelle couleur aimes-tu, Kuragi-san ? ». À cette simple question, Kuragi Machi perdit le fil de ses pensées. « Comme s’il avait appuyé sur un interrupteur dévoilant le vide qui est le mien ». Par conséquent, la jeune femme ne put répondre à la demande de Yuki. […] « Enfin terminé ! » souffle le président du Conseil des Élèves. « N’oublions pas nos devoirs quotidiens ! » rappelle le (trop) sérieux Naohito Sakuragi. « On fait la fête, demain ? » propose Kimi Todo. « Une fête ?! » s’insurge le (bien trop) sérieux Naohito. « Il y a un restaurant sympa près de l’école ! On a qu’à y passer le début de soirée ! ». « Pourquoi pas ! » répond Yuki. « Tu viendras aussi, Machi ? » hèle t-il alors que l’intéressée s’apprête à quitter la salle. « Non merci ». « Tu as déjà quelque chose de prévu ? ». « Non… ». « Tu voudrais aller ailleurs ? ». « Je… Ne faites pas pas attention à moi ». « Bien sûr que si ! J’aimerais voir à quoi ressemble le monde au travers de tes yeux ». Et c’est ainsi que le vide s’empourpra d’une touche de peinture.
Ça réchauffe le coeur de voir Yuki interagir avec autant de naturel ! Lui qui, au début de l’année, revêtait la même façade limpide et triste. « Le vide qui est le mien ». Combien de personnes ont, comme Machi, ce genre de pensées ? L’impression de ne pas avoir de personnalité. L’impression de ne servir à rien dans un monde à la fois complexe, vicié et froid. Il m’arrive également d’être traversé par ce genre d’interrogations. Quel est mon impact en ce monde ? Avec ou sans moi, cela n’y changerait pas grand chose après tout. « Alors à quoi bon tenter de survivre ? ». Si je parviens à ne plus y penser, au bout d’un moment, c’est en grande partie grâce à la force de mon rêve. Et l’espoir sans fin qu’il m’inspire. Pour d’autres, ce sont la chaleur des ami(e)s et/ou de l’être aimé qui les convainc de continuer à marcher droit devant et la tête haute. Qui a raison ? Qui a tort ? Dans tous les cas, être entouré par les bonnes personnes aide souvent à se trouver. Machi doit composer avec une mère qui, en plus de la comparer à son demi-frère, lui répète sans cesse qu’elle est « terne », « fade » et « invisible ». Tiens, ça me rappelle un certain Akito ! Gageons que la lumière (Yuki-kun dans le cas de Machi ?) sera cette fois-ci plus forte que les ténèbres.
