« Comment ça, t’as tenté de te suicider ??? » peine à croire Rin. « Et pas qu’une fois, en plus ?! ». « À quoi ça aurait servi que je t’en parle ? » réplique Yukio. « J’ai beau t’expliquer le danger qu’encourt le monde, les magouilles de l’Ordre et de notre père, tu es trop stupide pour comprendre ! Qu’est-ce que tu aurais pu résoudre avec ton cerveau atrophié ?! ». « Sale ordure !!! » rugit Rin en s’élançant vers son petit frère. « Depuis qu’on est gamins, t’as toujours été comme ça ! ». « Et alors ?! J’avais personne à qui me confier ! ». « Et moi, alors ?! Pourquoi tu ne me fais pas confiance ?! ». « Parce que tu me fais confiance, peut-être ?! » enrage Yukio. « T’es-tu déjà reposé sur moi ? Ne serait-ce qu’une seule fois ?! ». Lui, le pleurnichard qui aurait tant voulu être brave comme son frère. Il est temps de crever l’abcès.
Une belle et touchante conclusion pour Rin et Yukio dont les non-dits s’étaient accumulés au fil des années. Yukio, notamment, n’a jamais su assumer ce coté pleurnichard qu’il a et continuera d’avoir. Convaincu qu’il s’agissait d’une faiblesse et résolu à l’effacer. Quitte à devenir plus froid et distant en masquant sa persona. Ce genre de réaction, compréhensible lorsque l’on a subi de l’harcèlement et des agressions étant jeune, n’est pourtant pas souhaitable. De même que cette injonction à la « virilité masculine » qui nous incite à supprimer la part de féminité en nous. Ou plutôt notre soi spontané.
Voir Yukio être enfin lui-même auprès de Rin et de ses ami(e)s après l’escarmouche fraternelle fait chaud au coeur ! Dommage qu’il ait fallu attendre autant de tomes mais cela est loin d’être une anomalie ! Que ce soit dans la vraie vie ou dans la sphère du manga. Regardez des personnages comme Sasuke (Naruto) ou Vegeta (Dragon Ball). Leur environnement a été si violent qu’ils se sont retrouvés à adopter des comportements qui ne correspondaient pas à leur nature innée. S’en éloigner par la suite, une fois que l’on prend conscience des choses et de la vraie valeur de la vie, prend du temps.
Pour revenir à notre pleurnichard préféré, j’imagine que celui-ci va désormais s’employer à être le plus utile possible dans la guerre contre Satan qui s’annonce. Un affrontement qui prend d’ailleurs place assez rapidement ! Au point de nous amener à considérer une éventuelle conclusion de Blue Exorciste. Une fois arrivé(e)s aux dernières pages et à cette alliance mondiale des exorcistes et démons paria, on a vraiment l’impression que Kazue Kato se prépare à dire adieu à la flamme bleue.
Ce qui ne me dérange pas tant que ça dans l’absolu ! J’apprécie Blue Exorcist et la richesse de son world building mais mon affect n’a jamais été au sommet. Conjuguez cela à un manque constant de dramaturgie hors flashback (la norme au sein des shonen), vous obtenez une oeuvre sympathique mais en aucun cas bouleversante. Je n’ai d’ailleurs jamais compris pourquoi autant de mangaka n’osent pas faire passer leurs oeuvres dans le monde réel. Alors même que le péril qu’ils installent est probant. Sans tragédie humaine, le danger n’est point crédible. À voir comment cette guerre se déroulera !
Au moins l’art et l’histoire restent-elles de qualité. Qui plus est, l’écriture en soi semble avoir exploré la majeure partie de ses axes. Ile ne manque plus qu’à Shiemi de s’émanciper pleinement et la quasi-totalité du cast aura eu le droit à une exposition satisfaisante. À l’exception notable de Konekomaru qui s’avère être l’exorciste le plus banal de la bande. Ce qui, dans un shonen, n’est jamais valorisant.