Ainsi débuta la Nuit Bleue. Par la naissance de deux enfants nés de l’union entre Satan et une femme bien trop pure pour ce monde. « Il a complètement disjoncté… » résume Méphisto alors que Rin s’apprête à clore l’exploration du passé. « Le cerveau de son enveloppe charnelle s’est tellement dégradé que son attachement à ta mère a viré à l’obsession ». Au point de la confondre avec son premier fils, Lucifer. « Dans quel triste état te retrouves-tu, père… Cette douleur qui découle d’un immense pouvoir et celle de se cramponner à la vie matérielle, je ne la comprends que trop bien ». Au point de lui administrer sa flamme et provoquer une réaction en chaine. […] « Que se passe t-il ?! » s’alarme Tatsumi Suguro, le successeur de la Secte Myoda. « Des membres de nos rangs sont frappés de combustions spontanées !!! » lui indique un fidèle. Dont son père bien aimé. Et tant d’autres après lui. […] « Allez ! » encourage l’infirmière en chef alors que Yuri continue de pousser. « Encore un peu !!! ». L’Amour d’une Mère, pour peu que celle-ci ait un coeur pur, n’a aucune limite.
L’un des tomes les plus importants du lore de Blue Exorcist. Et peut-être celui qui m’a le plus bouleversé. J’écris sous le coup de l’émotion mais, pour l’heure, je considère ce flashback comme l’un des mieux construits en la matière avec le Golden Age de Berserk. Il faut dire que Kazue Kato n’a pas lésiné sur les moyens en accordant pas moins de quatre volumes aux origines de Rin et Yukio. Le frère ainé turbulent et hyperactif veillant sur le frère cadet timoré et craintif. Lectrices et lecteurs attendaient depuis fort longtemps d’en apprendre davantage sur cette mère ayant tout sacrifié pour sauver les nouvelles prunelles de ses yeux. Nous n’avons pas été déçu(e)s. Loin de là.
Yuri Egin, dès sa prime naissance, n’a jamais de chance dans sa vie. Même lorsqu’elle rencontra Shirô Fujimoto et lui confessa ses émois. Celui-ci, bien trop stupide, préféra la refouler. Au point de le regretter amèrement lorsque Yuri s’éteignit dans ses bras. Une véritable tragédie grecque où chacun des protagonistes ne parvient pas à réaliser ses rêves au moment propice. Assister à la rage, au désespoir, à la tristesse infinie de Yuri et Shirô, sous la coupelle d’une Nuit Bleue provoquant moult morts (dont celles du père Suguro et Takezo, frère ainé de la famille Shima), est poignant. Mais voilà ! En dehors de cela, il y a l’espoir de Yuri et la foi qu’elle place en Shirô eu égard à ses capacités de paternel. « Il n’y a pas de mode d’emploi alors fais au mieux… Un jour, tu finiras par devenir un vrai père pour eux… Tout se passera bien ».
Il ne manquait plus qu’une ultime conversation entre le père Fujimoto et un Rin bouleversé au point de révéler son identité pour ébranler nos petites âmes. Oui, Yuri a été une mère formidable et exemplaire. Oui, Shirô aura grandi dans son sillage en incarnant à son tour un modèle de vertu et de volonté. Maintenant qu’il connait toute la vérité, Rin ne peut plus se permettre de regretter d’être en vie. « Autant papa que maman, ils se sont défoncés pour que l’on vive ! ». Parce que chacun d’entre nous en a le droit ! Il ne devrait pas y avoir de conditions spéciales décrétant qu’une vie en vaut mieux qu’une autre. Y-compris pour les « démons ». Sur ce, il est temps que Rin ramène à la raison son petit frère. Avant qu’il ne soit trop tard.