Depuis combien de temps Toma Asman Kadar erre t-il dans les rues de Londres ? D’ailleurs, s’y trouve t-il encore ? « Ho ! » s’écrie un petit garçon. « Le monsieur des pains au curry ! ». Le voilà enfin sorti de sa torpeur. « Vous distribuez des pains le mercredi, pas vrai ? » poursuit le mendiant. « Pourquoi n’y en a t-il pas eu, hier ? ». « Je… ne peux plus distribuer de pains au curry ». « Quoi ?! Mais c’est injuste ! On compte sur vous ! ». « Je… ». « Nous n’avons plus rien à manger, ma mère n’a plus de lait ! Nous allons mourir si nous ne mangeons pas quelque chose !!! ». « J… ». « Mon petit frère n’a même plus la force de pleurer… » s’écroule par terre le garçon. « S’il vous plait, donnez-nous du pain ! ». Et c’est à ce moment, lorsque Toma remit un collier en or serti de pierres précieuses au gamin désespéré, qu’il découvrit une façade hideuse de l’être humain. Celle de l’envie. Celle de la cupidité. Celle de la cruauté. « La misère sociale engendre des monstres. La misère sentimentale nous mue en démons. Et toi, mon soleil, tu n’es plus ». Nous ne saisissons la valeur des choses que lorsqu’on les perd. Et lorsque cela arrive, tout change.
Quel revirement pour le personnage de Toma ! De samaritain un brin niais, élevé dans l’opulence et l’innocence, le retour sur la Terre de cendres fut brutal. Je me demande ce que le prince aura commis une fois que nous l’aurons retrouvé. Sachant que nous sommes en plein arc de renaissance des morts, qu’importe l’état de leur âme après coup, il n’est pas exclu que Aghni, le majordome de Toma, revienne sous une forme beaucoup plus ténébreuse que l’éclat d’amour et de générosité qu’il était. L’une des malédiction de nous-autres, humains, est de ne jamais saisir la valeur des choses lorsqu’il en est encore temps. Il nous faut à chaque fois être confrontés au pire, à savoir la mort d’un proche ou l’effondrement d’une fortune, pour réaliser l’immensité de notre bêtise.
Le cas de Undertaker, ex-shinigami d’élite ayant trahi les siens en vue d’imposer l’éternité à Dieu, en est un tragique exemple. Nous ne savons pas encore ce qui a causé Blanchot à vriller ainsi mais il ne fait aucun doute que la mort de personnes chères a été un déclencheur. Ici, celui-ci s’acharne à maintenir Ciel en vie coûte que coûte. Qu’importe les personnes sacrifiées sur le chemin, son obsession lui donnera raison. Vous comme moi savez déjà comment cela se finira. Ciel devra mourir pour de bon et son jeune frère reprendra tôt ou tard le manoir de Fantomhive. Malgré des décennies d’expérience, Undertake n’a toujours pas saisi la valeur des choses. Guidé par une souffrance sans fin.
Enfin ! Ce fut un bon tome de transition avec un focus apprécié sur May Linn et Ran Mao qui, sous couvert d’une profession de domestiques, infiltrent le manoir du Baron de Heathfield. L’un des quatre principaux fournisseurs en sang d’Undertaker. Vous vous rappelez de l’affaire des Cadavres Ambulants à même la croisière du Campania ? Lui et d’autres nobles faisaient partie des principaux donateurs de cette folle campagne d’Undertaker vers l’immortalité. Hâte de voir comment les guerrières aguerries s’extirperont des griffes perverses d’un désespéré de la mort. Nous dirigeons-nous vers l’arc final de Black Butler ? Tout porte à croire que oui. En espérant avoir saisi la valeur des choses d’ici là.
7/10
*Coup de Coeur*
