14 décembre, jour de l’anniversaire des 10 ans de Ciel et son frère jumeau. Ce qui aurait dû être une journée merveilleuse fut le point de départ d’une interminable descente aux enfers. « Père et mère assassinées… » se souvient Ciel. « L’ensemble des majordomes aussi. Ainsi que Sebastian… Nous-deux finirent par être kidnappés par des marchands d’esclave qui nous livrèrent à des démons ». Jour après jour, pendant un mois, les deux garçons furent violés et torturés. « J’aurais préféré être mort mais Ciel avait promis que nous nous enfuirions ». Qui plus est, cela ne pouvait pas être leur destin que de mourir ainsi. Dieu existe et il serait invraisemblable qu’ils fassent souffrir deux âmes pures et innocentes. « Mais si tel est le cas… » s’interroge pourtant Ciel. « Alors pourquoi est-ce que tout cela s’est produit ? Pourquoi des enfants se font-ils violer, torturer et tuer sous nos yeux ? Pourquoi subissons-nous l’enfer ? ». « Ce jour-là… » révèle Ciel. « J’eus une réponse définitive quant à mes angoisses existentielles […] Dieu n’existe pas ».
Sans aucun doute possible l’un des tomes les plus éprouvants de Black Butler avec celui des Enfants du Cirque et, peut-être parce que c’est encore frais, la mort soudaine de Aghni. Quoiqu’il en soit, nous avons affaire à l’arc le plus sombre de Black Butler. Et l’un des arcs les plus durs que je n’ai jamais eu à lire tous mangas confondus. Heureusement que Yama Toboso fait en sorte d’intégrer ci-et-là de l’humour, de l’auto-dérision et un brin de shojo yaoi. Histoire qu’on ne sombre pas dans la dépression la plus totale. Après tout, nous parlons d’un massacre familial suivi de rites sataniques durant lesquels Ciel et son frère jumeau furent violés et torturés. Jusqu’à ce que Ciel, le frère ainé à l’origine du meurtre de Aghni, ne soit tué d’un coup de couteau dans le coeur. Après tant de souffrance sous les yeux de son frère cadet dont le nom, j’ai pu le constater durant ce tome et le volume précédent, ne nous a toujours pas été dévoilé.
Dès lors que Ciel fut assassiné et que son petit frère invoqua le Diable (Sebastian), un nouveau Ciel fut crée. Ce que je ne comprends pas, c’est comment le Comte de Phantomhive a pu nier l’existence de son grand frère durant si longtemps. Depuis le premier tome, nous avons toujours cru qu’il n’y avait qu’un seul Ciel. Même les flashbacks ne nous montraient qu’un seul et unique protagoniste. Yama Toboso avait-elle vraiment ce frère caché en tête ? J’espère que le tome 28 nous fournira des explications solides. D’autant plus que l’un des majordomes tués, Tanaka, est toujours en vie ! Quid de Elisabeth ? J’imagine que c’est pour cette raison qu’elle a accepté de travailler au Sphere Music Hall en dépit du bon sens. Le véritable Ciel est-il mort ? Est-ce pour cela qu’il tente de revenir à la vie en se faisant transfuser des quantités incroyables de sang ? Dire que je pensais à l’époque que cet arc allait être « léger » et sans drama. Je n’ai rarement eu aussi tort.
Kana a tellement bien fait de placer cette oeuvre sous son label Dark. Si on s’en tient au dessin de l’auteure et au caractère guilleret de certains arc, Black Butler aurait parfaitement eu sa place en tant que shonen. Seulement voilà, parfois, le mal frappe. Et lorsqu’il le fait, il n’épargne personne. Ici, voir des enfants souffrir autant avant de mourir est particulièrement violent. D’autant plus lorsqu’on a conscience que certains monstres ici-bas sont capables de ce genre d’horreurs. Voilà pourquoi la déclaration « Dieu n’existe pas » sonne aussi juste. Même au-delà du manga, j’ai beau croire au « destin », une partie de moi continue de se demander : « Mais si c’est vrai alors pourquoi toutes ces victimes innocentes ? Pourquoi ces injustices ? Pourquoi, à certains endroits, à certains moments, l’enfer s’invite t-il sur Terre ? ». Je n’aurai probablement jamais la réponse à ces questions. Et Ciel non-plus. Mais au moins son contrat passé avec Sebastian lui permettra t-il un jour de comprendre « Pourquoi nous ? ».
8/10
*Coup au Coeur*
