Louis se réveille en sueurs. Encore. « Ça fait treize ans et pourtant, le trauma reste ». Tant pis. S’il lui faut supporter ce fardeau, il le fera. « Ainsi va la vie. Soit on continue d’avancer, soit on meurt ». Il fut un temps où Louis avait cessé d’avancer. Connu sous l’appellation « N°4 », il attendait sa mort enfermé dans une cage. « Tu ne souffriras pas… » avait indiqué l’un des bourreaux à N°7, un lapin apeuré. « Ils te dévoreront après que tu aies pris tes cachets pour dormir ». Le cerf avait alors cinq ans et s’était retrouvé sur le marché noir en tant que produit vivant. « Je ne savais ni écrire, ni parler ». Mais il y avait en Louis un fragment de volonté. Un sentiment furieux de justice qui le poussa à risquer sa vie pour son camarade d’alors. « Et c’est ainsi que mon destin prit une nouvelle voie ». Sans pour autant le faire sortir du Gouffre de la Nuit.
Et c’est ainsi qu’au cours de traversée dans le Gouffre de la Nuit, Louis finit par se faire accompagner par un loup solitaire. Afin qu’il ne se fasse pas dévorer dans son ascension vers la lumière du soleil. Si Louis parvient à obtenir le titre de Beastar, le statut des carnivores sera amoindri. Le marché noir et ses dérives criminelles, par exemple, ne sera plus toléré. Voilà pourquoi de nombreux prédateurs tentent de s’en prendre à lui. Voilà pourquoi Legosi est prêt à étouffer son amour pour Haru afin de permettre à celui qu’il admire de s’élever jusqu’aux cieux. « Quitte à ce qu’elle s’élève à ses cotés ». Qui aurait cru que l’intéressé soit prêt à la laisser se faire dévorer par ce même marché noir qui a failli avoir sa peau jadis ? Tout cela afin de « changer le monde ». Impossible de ne pas être déçu par l’attitude de Louis. Même si je reste convaincu qu’il finira par prendre la bonne décision. Legosi, lui, l’a déjà prise.
