Arisu a toujours été passionné de jeux vidéo et de géométrie fractale. Cependant, ce n’est qu’à partir de la mort de sa mère qu’il s’est plongé dedans en laissant tomber tout le reste. Au Japon, les personnes isolées comme lui portent un nom —> Hikikomori. « Ce qui m’a en partie sauvé… » se rappelle t-il alors qu’il regarde la Plage de Coeur partir en flammes. « C’est de vous avoir tous les deux rencontrés, Chota-kun, Karube-kun ». […] Il y a quelques semaines de ça : « Je ne comprends pas… » s’interroge Arisu alors que lui, Karube et Chota s’aventurent dans un Tokyo sans la moindre âme qui passe. « Où sont-ils tous passés ? ».
C’est peu dire que Alice In Borderland m’a définitivement réconcilié avec le genre du drama japonais ! De la même façon que Vincenzo et Kingdom m’ont à nouveau plongé dans le drama coréen. Il faut dire qu’il s’est écoulé plus d’une quinzaine d’années entre la sortie de Hana Yori Dango (2005) et Full House (2004). De très bonnes productions mais bardées de codes dramaturgiques qui ont fini par céder au poids du temps. Du moins en ce qui me concerne, ahah. Ici, le cadre se veut plus moderne avec une adaptation du manga de Haro Asō à la fois haletante et ambitieuse. Qu’il s’agisse de la réalisation en elle-même ou de la narration qui ne cède aucun compromis. Puis quelle maitrise de l’action ! Fluide, nette et cinglante.
Qui plus est, et peu comme la S01 de Game of Thrones et son épisode 9, Alice In Borderland dispose de son épisode 3. Une sorte d’avant/après qui chamboule les coeurs et les esprits tant la violence des évènements nous prend de court. N’ayant pas lu le shonen, je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait et autant vous dire que le simple fait d’y repenser me file des frissons. Pour tout vous dire, le choc revêt une telle ampleur qu’on se demande si le reste de la saison sera à la hauteur.
Et c’est le cas ! Quand bien même la dramaturgie de cet épisode précis risque de ne pas être égalée de sitôt. Il n’empêche : les différentes épreuves de ce jeu de survie cruel sont redoutablement bien pensées. Haro Asō a effectué un travail remarquable dans leur mise au point tactique et psychologique ! J’ai très vite fait un parallèle avec Gantz, seinen de Hiroya Oku qui nous plonge lui-aussi dans un survival game impitoyable. Je vous en recommande chaudement la lecture au passage ! Et comment ne pas citer Battle Royale (roman de Kōshun Takami paru en 1999 et adapté en film en 2000) ? Mère fondatrice du Survival Game.
L’une des clés de la réussite d’Alice in Borderland est de nous faire entrer en affect avec bon nombre de personnages. En explorant tantôt leur passé et en nous amenant à mieux comprendre leurs peurs et ambitions. Même les nemesis humains, si on peut les qualifier ainsi, disposent d’un background qui nous permet de saisir comment ils ont pu en arriver à un tel stade. Sans les excuser pour autant, cela va sans dire.
Simplement, l’être humain est complexe, égoïste et cruel. Le plonger dans un tel environnement de survie et de violence ne pouvait qu’amener à un océan de larmes et sang. D’où la beauté fragile et illusoire d’une Plage de Coeur qui m’aura hypnotisé du début à la fin. De la naïveté dangereuse de ses fondateurs à la cacophonie chaotique qui s’ensuit. Quid de l’Amour et de l’Amitié ? Ont-ils ne serait-ce qu’une place dans ce Styx éternel ? Oui et mille fois oui ! Qu’il s’agisse du trio Arisu X Chota X Karube ou de la bonté spontanée de Yuzuha Usagi, l’Humanité continue de prévaloir ci et là.
Croisons les doigts pour que les révélations finales de la première saison soient exploitées comme il se faut à l’occasion de la deuxième ! Le concept est tellement dingue qu’une seule issue pourrait permettre à cette oeuvre de retomber sur ses pattes —> Avoir pensé de A à Z l’écriture et le lore (univers) dès la première page. J’y crois !
