« Tuez-les » ordonne le roi Knut alors que ses soldats font face à des villageois contaminés. « Elle a l’âge de ma fille » réalise l’un d’eux. Peu de temps après, Canute lui-même achève la jeune femme. « Sire ! » intervient Wulf. « Pourquoi être venu en personne ? Imaginez qu’il vous arrive quelque chose ! ». « Il fallait un démon… » répond le souverain du Danemark. « Nous devons massacrer des sujets innocents, voilà pourquoi je suis venu ». Quant à l’origine de cette épidémie, il semblerait qu’elle soit liée à l’arrivée d’un bateau sur une côte proche du village. « Vous avez brûlé l’épave ? ». « Non, il nous faut d’abord l’inspect… ». « Brûlez la immédiatement et ne laissez personne s’en approcher ». « Serait-ce cette fameuse peste mentionnée dans les écrits ? ». « Impossible de savoir s’il s’agit du même fléau. J’ordonne la mise en quarantaine de tous les habitants aux alentours durant un mois. Surveillez bien l’apparition de tout nouveau cas ». Les maladies de l’homme sont multiples et vicieuses. « Peut-on vraiment espérer créer un paradis sur Terre sans tuer personne, ni se faire d’ennemis ? » s’interroge de nouveau Knut. « La voix bonne et juste est celle que vous tracez » répond sans hésiter Wulf. « Pff, comme celle-ci ? ». Loin d’ici, Ragnar répondait à cette éternelle question.
Qu’il est déchirant de voir les espoirs de Thorfinn s’écrouler en poussière. Cela à cause de la maladie des hommes. Et il ne s’agit pas seulement d’épidémie mais bien de l’espèce humaine. Peur, haine, jalousie, orgueil, mépris… Tant d’émotions négatives qui se chargent de faire peser la balance dans les instants critiques. Thorfinn a beau être devenu la meilleure version de lui-même, rappelons qu’il lui a fallu traverser l’enfer pour cela. Sans compter toutes ces vies qu’il a prises alors qu’il était aveuglé par la colère. Dont le père de Hild. De même, il était évident que parmi les Amérindiens se trouvaient des âmes corrompues par l’envie et la violence. Le sage Puowin, pourtant à l’origine de la première ire entre Norrois et Indiens, n’était « que » protectionniste en comparaison.
Et alors que les heures s’assombrissent, un espoir émerge à travers la naissance du fils de Gudrid et Thorfinn. Protégé par le courage retrouvé de Cordelia qui, malgré son aversion de la violence, était prête à donner sa vie pour protéger la demeure où Gudrid venait d’accoucher. De tous les résidents du Village d’Arneis, Cordelia est sans nul doute la plus forte en termes de constitution. Et dire qu’il va falloir le quitter et tout reprendre à zéro. Rechercher un nouveau Vinland à travers ces vastes étendues. Est-ce seulement possible ? Notre (courte et longue) histoire démontre malheureusement le contraire. Les maladies de l’homme sont bien trop nombreuses pour espérer une unité pérenne.
Je reste admiratif de la rapidité avec laquelle Thorfinn a renoncé à son rêve. Voyant bien qu’il était trop tard pour espérer reconstruire quoi que ce soit. Ajoutez à cela l’attaque des indiens sur le village et les morts qu’ils ont causé… Quelle tragédie. À nouveau, l’histoire nous prépare à une tragédie sans précédent eu égard au Nouveau Continent. Mais je suis persuadé que Thorfinn et ses camarades ne renonceront pas. Quitte à mourir pour leurs rêves. Allez, la suite ! En termes d’existentialisme pur, Vinland Saga est peut-être mon oeuvre favorite avec Vagabond. Merci, Makoto Yukimura !