
« Le vent est en notre faveur, votre majesté » indique Wulf au roi Canute. Dans ces conditions, son armée devrait débarquer à la ferme de Ketil d’ici deux ou trois jours. « Je peine à croire que vous vous soyez déplacé pour affronter un clan de seconde zone » lui fait remarquer Floki, chef des Jomsvikings. « Le plan de sa majesté a été sciemment soupesé… » lui répond Wulf. « Un bon vassal ne devrait pas mettre en doute les décisions de son roi ». « Jomsborg est un allié, pas un vassal » rectifie Floki. « Pensez-vous que Ketil et sa famille vont m’affronter ? » s’interroge Canute. « J’ai cru comprendre que Ketil était autrefois connu sous le nom de Iron Fist… » répond Floki. « Nous ne devrions pas le sous-estimer ». « Ce n’est pas l’impression que j’ai eu de lui… » s’étonne Canute. « Surtout, je ne voudrais pas gâcher des hommes pour une telle bataille alors que la reddition est si évidente ». Voilà pourquoi Canute se rend lui-même sur place. « Outrage ou non, je n’entends pas verser du sang inutilement ».

La reddition des faibles n’aura donc pas lieu… Et, bon sang, la scène où Ketil bat Arnheid fut éprouvante au possible. J’ai même cru qu’elle mourrait ici même. Il se peut qu’elle ne survive pas à ses blessures, ceci-dit. Décidément, la tranquillité des premiers épisodes semble bel et bien révolue. Et Vinland Saga confirme à quel point il appartient au sommet du manga tant il dépeint la complexité et la cruauté de l’homme avec une exactitude effrayante. Ici, la persona de Ketil est odieuse et insoutenable. Mais tellement humaine. L’auteur nous le fait apprécier pour, au final, nous montrer qu’une suite de circonstances peut transformer un individu « respectable » (compte tenu de l’époque) en véritable monstre. Et ne pensez pas une seconde que vous n’en cachiez pas un sous votre verni de bonnes intentions. C’est également ce message-là que veut faire passer Makoto Yukimura. Sans une boussole morale fermement ancrée en notre coeur, qu’importe les ténèbres qui nous assaillent, notre place repose en enfer.
