« Arnheid… » observe Gardar. « Ça signifie que je me trouve dans la ferme de Ketil et que tu n’étais qu’à quelques jours de distance… Tu es encore plus belle qu’avant, ma femme ». Face à ce revenant d’outre-tombe, Arnheid ne trouve pas les mots. « Comment se porte Hjalti ? Il doit être si grand, maintenant ». « Gardar… Hjalti n’est plus… ». « Retournons chez nous » poursuit Gardar en tendant la main vers son amour d’une vie. « Ne bouge pas !!! » intervient Serpent, épée à la main. « Si tu avances ne serait-ce que d’un pas vers lui, je le tue ! ». « Huh ? ». Mais Gardar a à peine le temps de frôler Arnheid que Serpent abat sa monture. « Renard ! » ordonne t-il. « Prends Arnheid avec toi et fiche le camp d’ici ! ». « Raaaah !!! ». « Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez lui ? » peine à comprendre Renard. « Il a oublié qu’il était un esclave en fuite ? ». « Il a vraiment tué Lézard ? » esquive Serpent. « Oui… Sa tête a été coupée en deux ». « Je vois… Protège Arnheid avec ta vie s’il le faut ». Ce passé qui nous tue.
Quel dilemme pour Einar ! Tenter de venir au secours de Arnheid pour qu’elle retrouve son mari ou choisir le chemin de la raison et ne rien faire. « Es-tu capable de tuer quelqu’un ? » lui demande Thorfinn. Au-delà de ça, intervenir est prendre un risque conséquent pour sa vie. Un risque probablement inutile en l’occurence vu que Einar se serait fait occire sans problème par Serpent. « Nous avions tout pour nous mais il a fallu que les hommes entrent en guerre… » regrette Arnheid. « Et nous avons dès lors tout perdu ». Parce qu’il n’y avait plus personne pour protéger le village, les ainés furent massacrés, les femmes violées puis capturées et les enfants kidnappés pour devenir probablement esclaves. « Gardar a changé… » réalise Arnheid. « Et je dois désormais protéger mon enfant… L’enfant de Ketil ». Durant notre existence, nombreux sont nos choix pris à l’encontre de notre moral, de notre éthique ou de notre soi. Pour la survie du corps plutôt que celle de l’esprit. Ce passé qui nous tue. Qui aurait cru que les paroles de Sverkel poussent Arnheid vers le « choix insensé » ?
