Dire qu’il fut un temps où j’allais en Tunisie. Les moeurs y étaient alors plus libres et on ne risquait pas de se faire coffrer pour avoir embrassé sa copine ou son copain. Aujourd’hui, c’est la prison ferme qui vous attend pour peu que vous croisiez un policier suffisamment zélé. Tout commence vendredi dernier sur une route touristique de Gammarth. Il est 2h du matin lorsque Nessim Ouadi, franco-algérien de 33 ans, et sa copine tunisienne sont arrêtés par la police. Motif —> S’être embrassés dans leur voiture. Les papiers d’identité sont demandés, la voiture est fouillée de fond en comble et le couple est conduit jusqu’au commissariat. Plus de 20 minutes s’écoulent jusqu’à ce que l’un des officiers ne leur annonce qu’ils sont finalement libres. Il s’en tireront avec un « simple blâme ». Et c’est là que tout bascule. Leur signifiant son intention d’en référer à l’ambassade de France, Nessim demande les noms, prénoms et insignes des policiers. Ces derniers répondent par un ordre de signer un PV (sous peine d’être emprisonnés) puis transfère le couple dans une maison d’arrêt. Dimanche, un juge les condamne à 2 mois de prison ferme pour « Atteinte à la pudeur ».
Un Manosquin en prison en #Tunisie pour avoir embrassé sa copine, sa maman "sous le choc" se confie #Manosque pic.twitter.com/DGYn1EJCjV
— La Provence (@laprovence) 6 octobre 2017
À quoi viennent s’ajouter 15 jours pour « Refus d’obtempérer », 15 jours pour « État d’ébriété » eu égard à la jeune Tunisienne (elle avait bu un peu de bière) et enfin 2 mois fermes pour Nassim. « Outrage à un fonctionnaire public ». Au final, Nessim Ouadi est condamné à 4 mois de prison ferme et sa copine à 3 mois. Une situation surréaliste et cauchemardesque. D’autant plus que Nessim n’entendait que passer un week-end tranquille en Tunisie. Voilà où nous en sommes dans ce pays qui, depuis quelques années, s’embourbe à nouveau dans un conservatisme religieux rétrograde. Les libertés individuelles sont de plus en plus bafouées et soumises au joug de l’islam. La dernière fois que je suis allé en Tunisie, il y a plus de 10 ans, les touristes étaient déjà mal regardés selon les endroits. D’autant plus quand il s’agissait des femmes vêtues « à l’occidental ». Autant vous dire que ça n’a pas l’air de s’être arrangé. Et c’est bien dommage pour un pays qui, jadis, était l’une des contrées arabes les plus ouvertes qui soient. Il ne reste plus qu’à espérer que les condamnés soient libérés à l’issue de leur jugement en appel. Lequel n’aura lieu que dans les prochaines semaines. L’Ambassade de France ? Celle-ci a indiqué ne rien pouvoir faire. Les lois de la Tunisie sont ce qu’elles sont.