S’il avait voulu mener une vie tranquille, Jean Kirschtein n’aurait pas fait semblant de rater Onyankopon en plus de « sauver » ce connard de Floch Forster. Jean n’aurait jamais participé à la rébellion interne contre la « Faction Jaeger » et le « nouvel Empire Eldia ». De même, il aurait fait semblant de ne pas écouter les tocs à la porte de la Major Hange. « J’aurais exigé une belle demeure eu plein centre d’un quartier huppé… » se permet-il de rêver encore un peu. « Je me serai sifflé de l’alcool de luxe et ma femme, mes gosses et toute ma descendance auraient le droit à un bonheur éternel ». Car tous leurs ennemis seraient morts. « Non… Le reste de l’humanité ». Voilà pourquoi Jean s’est résigné à rejoindre Hange et Mikasa. Ainsi que Connie, Armin et le capitaine Levi. Puis, enfin, surtout leurs anciens ennemis, responsables du massacre de tant des leurs. « Pas un seul de nos camarades n’auraient accepté que le reste du monde soit sacrifié pour le bien de cette île… » assure Hange. « Désormais, nous avons un horizon commun ». Éviter le génocide de l’Humanité.
C’est une certitude depuis plusieurs tomes, Shingeki no Kyojin est destiné à devenir une oeuvre de référence. Tant sa qualité d’écriture renvoie un prisme des êtres humains particulièrement crédible et, se faisant, horrible. Au final, qui sont les plus « humains » entre des titans n’ayant plus conscience de leur soi et des monstres massacrant consciemment des populations entières ? Qui aurait pensé que Eren devienne le nemesis ultime ? Résolu à devenir ce bourreau qu’il s’était juré, petit, de détruire ? Quoique dans sa tête, tout concorde. « Je les tuerai jusqu’au dernier !!! ». À l’époque, Eren s’était « simplement » trompé d’ennemi. Les titans étaient les siens. Mahr était l’ennemi à abattre. Pour le petit garçon de l’époque, du présent et du futur, il n’y aura jamais un horizon commun.
Voir Connie, Mikasa, Armin et Hange se retourner contre celles et ceux qui furent leurs camarades est un crève le coeur. Mails ils n’ont pas le choix ! Hange a raison. Erwin Smith et tant de soldats tombés sur le champ de bataille n’auraient jamais accepté que l’île sur laquelle ils sont nés survive au prix de la mort d’un nombre abyssal d’innocentes et d’innocents. Faire revivre le traumatisme de Shiganshina n’a aucun sens moral. Le fait que Eren en ait conscience et choisisse sciemment d’avoir recours à la « Solution Finale » me fait penser qu’il ne survivra pas. Un horizon commun débarrassé des nuages de sang que le Titan Assaillant amena dans son sillon. Voilà la conclusion à laquelle je pense actuellement.
Pour l’heure, les pertes de Mahr sont militaires. Mais si Onyankopon et les ingénieurs de la contrée d’Hizuru ne parviennent pas à faire repartir l’hydravion réquisitionné sur le port, tout est terminé ! Déjà Revelio et le pays de Mahr semblent t-ils condamnés par manque de temps. Au grand désespoir d’Annie qui ne voit plus pourquoi elle combattrait aux cotés de ses anciens camarades. D’autant plus qu’elle a de gros doutes sur le fait que Mikasa soit capable de tuer Eren si la possibilité lui en était donnée. Idem pour Armin… Malgré tout, il faut se battre pour l’intérêt commun. L’intérêt du monde. Autrement, les meurtres et sacrifices de toutes et tous, dont, ce tome-ci, ceux des capitaines « ennemis » Keith Shardiz et Theo Magath, auront été vains. La main sur le coeur ! Pour un horizon commun !!!
8,5/10
*Coup de Coeur*
