Accompagné de Iori, enfant orphelin, Musashi n’a dorénavant qu’un but : créer une rizière. Or, pour cela, il lui faut d’abord détourner une rivière bien impétueuse. Takezo étant en outre tombé sur une terre très capricieuse. Par dessus le marché, il y a ces représentants du fief Kokura qui exigent que Miayamoto reparte avec eux. Pas commode tout ça.
Qu’importe, Musashi sent qu’ici ce se joue un nouveau tournant de sa vie : une étape clé s’il souhaite un jour atteindre le niveau de Kojiro Sasaki. Être l’eau, devenir l’eau, ressentir l’eau. Cela risque de lui prendre des mois, des années même. Chose que ne risque pas d’accepter le seigneur de Kokora. Miyamoto viendra avec eux : fusse t-il que l’un de leurs plus émérites épéistes, Toyozaemon, n’en vienne à croiser le fer avec lui.
Plus que jamais, Vagabond est un manga qui se doit d’être apprécié à sa juste valeur : et particulièrement dans cette période de contemplation et de réflexion par laquelle passe Musashi. Le travail de la terre, l’union avec les forces de la nature : ne peut-on rêver de meilleur apprentissage ? La plume de Takehiko Inoué reste en tout cas toujours aussi vibrante et prompte à véhiculer des sentiments qu’il est rare de rencontrer en manga.
La raison ? Inoué prend son temps, tout son temps. Alors certes, on pourrait être frustré par la lenteur à laquelle avance l’intrigue mais le travail de l’auteur est si passionné, si vivant, si profond, qu’on ne peut que s’incliner devant tant de maestria. Tenez-le vous pour dit : Takehiko Inoué est probablement l’auteur sensei le plus talentueux de sa génération. De par sa maitrise du pinceau mais aussi sa maitrise des mots. Rêvons avec lui jusqu’à la fin.