« Je hais ma vie ». Effectivement, Jupiter Jones (Mila Kunis) a de quoi détester son quotidien de femme de ménage. Réveil à 4h45 du matin, préparation du café et…nettoyage des toilettes ainsi que de toutes les chambres de l’hôtel qui lui sont attribuées. Oui, Jupiter en a marre et aimerait avoir une vie plus noble qui, surtout, signifie quelque chose. Bonne nouvelle : son souhait va être exaucé au delà de tout ce qu’elle aurait pu imaginer lorsque Caine (Channing Tatum), chasseur lycan, va lui informer qu’elle est la reine suprême…et que la Terrre lui appartient. Ha oui, et ses fils souhaitent sa mort.
Typiquement le blockbuster pour ados sans ambition. Ça m’a un peu beaucoup rappelé « Avatar » de James Cameron tant les similitudes, et surtout les tares, sont semblables. À savoir un superbe visuel servi par une direction artistique prestigieuse (au passage, Mila Kunis en mariée est MAGNIFIQUE), un univers à la fois original et réussi (les vaisseaux anges *o*) et une mise en scène fluide bénéficiant de scènes d’action propres et esthétiquement impressionnantes.
Seul petit problème : il n’y a pas d’histoire. Littéralement pas d’histoire. L’intrigue est simpliste et ne veut rien dire (en plus de ne faire aucun sens). Puis surtout : les personnages sont d’un néant absolu et d’une profondeur nulle. À aucun moment on ne s’attache à eux et ce malgré la présence du personnage de Sean Bean qui ne bénéfice pas d’assez de temps d’écran. Au final, on a l’impression d’assister à un potentiel gâché : tout ça parce que les réalisateurs de Matrix n’ont pas voulu réfléchir et développer une narration à la hauteur de leur DA. Dommage.
Pas d’accord il y a plus de réflexion que ce que l’on pense.
(JUPITER exalte la différence, hisse l’étendard du métissage et s’affirme en grand film sur l’hybridation des êtres, des espèces, des styles, des genres. La frontière entre masculin et féminin y est souvent troublée, subtilement et joyeusement floutée. Ici n’existe aucune limite, aucune norme. Ne règne que l’amour, encore et toujours – le grand thème des Wachowski depuis leurs débuts.)…
Pour moi Jupiter est d’abord un sublime précipité de grammaire Wachowskienne. Trip visuel d’une ambition sans équivalent, montagne russe qui alterne course-poursuite orgasmique, dialogue mystique et combat spatial éblouissant, le film ne s’arrête jamais et procure une jouissance de cinéma comme peu de blockbusters réussissent encore à le faire.
Comme d’habitude, sur le terrain de la mise en scène, ça ne ressemble à rien de connu : soap opera intergalactique à la direction artistique jusqu’auboutiste, Jupiter frise le mauvais goût (le look de Tatum, les lézards géants et les comédiens portemanteaux qui s’avoinent mollement) pour mieux toucher l’élégance et le film organise constamment son propre vertige. Toute l’intrigue repose sur l’opposition entre le trivial douteux et le shakespearien fantastique. Une Dame pipi se retrouve projetée dans un univers SF, multiplie les blagues limite avant de se faire absorber dans une tragédie classique. C’est là qu’on retrouve le sens du mash up qui est l’empreinte du tandem. Là qu’on perçoit cette audace mégalo et ado, doublée d’un formalisme visionnaire et (trop ? ) profus, qui fait la force des Wachowski et derrière laquelle s’exprime un idéalisme devenu très rare au cœur du système hollywoodien. Les pirates ont encore frappé.