« Si son rajeunissement s’accélère chaque fois qu’il est gravement blessé… » devise All Might alors qu’il leurre All For One à travers les ruines de leur champ de bataille. « Je sais quel alter mimer pour en finir au plus vite ! ». Le souci, c’est l’alimentation en énergie de son équipement. « Je n’irai pas loin si je fais ça dans les règles ! À vous de jouer, mes Anima ! ». « Tu ris comme un cinglé et, ensuite, tu t’enfuis ?! » rugit AFO. « Parfait, il a mordu à l’hameçon ! ». « Je vois clair dans ton jeu, tu sais ? Je vais te tuer en dépensant le minimum d’énergie ! ». « Minimum, mon oeil ! T’es toujours aussi enragé, mon vieil ami ! ». « Et toi, ta flamme est sur le point de s’éteindre !!! ». […] « Tu es à ma merci, misérable traitre » se satisfait Kunieda, ancien détenu du Tartare, alors que son alter de ronces vient de piéger Yuga Aoyama. « À cause de ton envie d’être comme tout le monde, te voilà avec un alter inadapté à ton corps. Si je devais décrire ta vie en un mot, ce serait pathétique ». « Et c’est ce qui me motive encore plus d’égaler un jour l’éclat de mes amis… » réplique Yuga. « Jusqu’au bout et plus loin encore !!! ».
On le soulignera jusqu’à la fin de My Hero Academia (soit d’ici deux tomes désormais) mais Kohei Horikoshi ne cesse de se surpasser en termes de dessin et de composition. On appréciera au passage le focus sur Aoyama et la splendide Toru ! Combien de planches se réveillent un délice pour les yeux et le coeur ? Qu’il s’agisse du dernier combat de All Might ou du retour de Kacchan au devant de la scène. Mais avant d’en venir à ce retournement de situation ô combien prévisible, écrivons quelques derniers mots sur le dernier acte du « Tueur de héros », Stain. Lequel, dans sa vision tordue et extreme de ce que devrait être un héros, a décidé de se repentir en donnant sa vie pour sauver celle de son modèle. Jusqu’au bout et plus loin encore.
Une mort brusque et éclair qui a de quoi décontenancer. On s’attendait à ce que Stain reste plus longtemps dans les parages mais au moins la cohérence en termes d’écart de puissance a t-elle été respectée. À ce stade, All For One était un monstre et Stain ne pouvait rien faire d’autre que gagner quelques précieuses secondes. C’est ce qui a d’ailleurs permis à All Might de survivre. Ça et son sauvetage des mains d’un Bakugo ressuscité. Triomphant du funeste destin que lui avait prédit son ami, Nighteye. Yup, d’un point de vue classicisme Nekketsu, on ne pouvait pas faire plus académique. Quoique, Kohei-san a fait « pire » en décidant de sauver la figure de sensei du héros qui, dans la plupart des cas, finit par rendre l’âme.
Une telle décision, en soi, aurait pu me convenir si la dramaturgie d’ensemble avait été cohérente. Mais ce n’est pas du tout le cas. Du moins du coté des gentils. Les méchants, en revanche, semblent promis à une hécatombe. Un bilan qui, curieusement, se révèle davantage prononcé que dans la plupart des shonen. Il faut dire que l’humanisation de la plupart des nemesis a été réussie. L’impact est donc plus fort. Même All For One a le droit à son origin story ! De quoi réaliser qu’il était tordu dès le départ. Obsédé à l’idée de devenir la meta du monde entier. Ha, si seulement il y avait eu un tant soit peu de réciprocité dramatique chez les héros. Même Edgeshot va survivre, ahah. On se consolera avec des planches sublimes et un Kacchan impeccable. Allant au bout de son arc narratif avec un brio magistral. Il ne manque plus qu’à Deku d’en faire même. Jusqu’au bout et plus loin encore !