Sachant que, parfois, on ne le réalise jamais. Ce ne fut heureusement (?) pas le cas de Sophie Serrano et d’une autre mère (celle-ci a voulu rester anonyme) qui, dix années après accouché, apprennent qu’elles n’ont pas élevé leur enfant mais celui d’une autre. Tout ça à cause de l’erreur d’une auxiliaire puéricultrice qui, par fatigue, par oubli, par bêtise, aurait interverti les deux nourrissons. Puis le père de Manon Serrano, troublé par son teint hâlé, finit par demander un test de paternité. Le verdit tombe : lui et sa femme ne sont pas les parents. Un choc. Un choc qui laisse place à la tristesse puis, enfin, à une indicible colère.
Plus de deux millions d’euros de dédommagement : soit 400.000 euros pour chaque enfant, 300.000 pour les parents, et 60.000 pour les frères et soeurs. Il fallait au moins ça pour dresser un exemple et faire en sorte que les maternités et compagnies d’assurance aient suffisamment peur pour ne plus faire ce genre d’erreur. En attendant, ce verdit (historique) ne rattrapera jamais les années « perdues ». « Perdues » entre guillemets puisque, au final, chaque famille aura vécu 10 années persuadée d’être pères, mères et filles.
Et si, génétiquement parlant, cela ne s’est pas avéré être le cas, les liens tissés par l’amour maternel ont fait que, au final, les fils échangés sont évidemment restés dans leurs familles de base. Car les liens du cœur sont autrement plus forts et puissants que ceux du sang. Au passage, l’un de mes gros coups de cœur de l’année dernière, Tel Père Tel Fils, aborde ce sujet avec une justesse et une émotion rarement atteintes au cinéma. À voir d’urgence.
