Budget 2013 : pourquoi tout le monde veut se barrer

Dans un contexte morose où la croissance en France ne devrait toujours pas évoluer, les premières annonces fiscales et sociales du gouvernement ont été accueillis avec une certaine pointe de pessimisme. Et cela même pour les moins fortunés puisque la hausse du RSA n’est au finale que bégnine (10%) et ne permettra pas vraiment d’avoir un niveau de vie respectable avec 500 €/mois. Ne parlons pas de la non-hausse du Smic (+4 euros brut par mois) qui est elle aussi plutôt amère pour les 2,6 millions de salariés concernés. Certes, l’indice des prix à la consommation a connu une hausse assez faible (+1,4% sur un an) mais tout même, dans une période où chaque euro compte, ça le fait moyen. D’autant plus que le gel du barème de l’impôt sur le revenu sera maintenu (et bim 2% de hausse d’impôt) même si l’Etat promet une décote (de 439 à 480€) sur les foyers modestes.

Reste que globalement, et comme ça avait été annoncé, ce sera la classe riche qui devrait mettre la main le plus à la poche avec par exemple la remise à plat de l’ISF (qui avait été allégé durant l’ère Sarkozy) : le barème commencera ainsi à 0,5% pour les patrimoines entre 800 000 et 1,3 millions € pour aller jusqu’ à 1,5% pour ceux qui dépassent 10 millions d’euros. Ajoutez à cela, un nouveau prélèvement de 45% sur les revenus de plus de 100 000€/an ainsi qu’une réduction de la majorité des niches fiscales limitées à un plafonnement de 10 000 €. En ce qui concerne le fameux prélèvement de 75%, il ne concernera qu’une poignée de français (à savoir 1.500 personnes dont le revenus annuel dépasse le million d’euros) et ne devrait avoir au final que peu d’impact sur le redressement du déficit budgétaire (près de 210 millions €).

L’impôt sur les sociétés est quant à lui remis à 35% (contre 25% sous Sarkozy -ce qui n’avait d’ailleurs eu aucun effet sur la croissance et le taux d’investissement) même si les PME devraient échapper à cette mesure en plus d’un trop fort prélèvement sur leurs plus-values (merci les Pigeons). En somme, on voit bien que l’objectif du gouvernement pour abaisser le déficit budgétaire à 3% du PIB est de tenter d’épargner les classes pauvres et de ponctionner progressivement au fur et à mesure que les revenus prennent en importance. Il n’empêche : cette politique budgétaire, associé au pacte de croissance et de compétitivité, est rejeté par nombre de français puisqu’ils ont l’impression que la principale question, à savoir relancer l’emploi et le pouvoir d’achat, est éludée.

Le gros problème aussi c’est que t’auras toujours des gens pour profiter des failles du système via l’optimisation ou l’exil fiscal (40 à 50 milliards $ de manque à gagner par an). L’affaire Gérard Depardieu qui affirme en avoir marre de payer 85% de ses revenus en impôts et souhaite délaisser la nationalité française pour s’exiler en Belgique en dit long sur le sujet. La solidarité, pourquoi pas, mais au bout d’un moment les riches en ont marre. Et autant on peut comprendre cet agacement pour les personnes aisées qui bossent de 9h du matin à 23h du soir pour acquérir leur richesse, autant on comprend moins celui des ultra-riches dont le quotidien est plutôt tranquille et qui gagnent facilement plus de 10 000€ net par mois. Mais le plus préoccupant reste l’exil d’un nombre croissant de notre génération vers des pays promettant de meilleurs horizons financier et sociaux et dont le chômage, l’austérité budgétaire et la stagnation des salaires ne seront pas la norme pour « au moins » toute l’année 2013 (le Canada traite à lui seul plus de 3000 dossiers par jour). Est-ce vraiment une surprise ?

Fondateur de YZGeneration, YummyZ, Ikke et Bang. Alter ego de Fafa Le Geek.

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