De l’eau a coulé sous les ponts depuis l’enfermement en résidence surveillée de celle qu’on surnomme le « papillon de fer ». Libérée le 13 novembre 2010 après 20 ans d’enfermement sous le régime birman, Aung San Suu Kyi a pu accueillir chez elle, mardi dernier, la venue du président américain Obama et de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Énième symbole, s’il en fallait encore, de l’aura dont bénéficie la dame à l’international.
Le tout dans un contexte de réussite pour la leader de la LND qui aura réussi à dissoudre la junte birmane pour obtenir à la place l’établissement d’un état de droit visant à réduire les conflits entres les différentes minorités ethniques (bien que les efforts envers la minorité musulmane soient encore jugés trop insuffisants selon). Ceci-dit San Suun Kyu sait que le chemin sera encore long pour que la Birmanie devienne un véritable pays démocratique et, malgré ses succès (récemment la libération d’une dizaine d’otages politiques), garde la tête froide en estimant que « le moment le plus difficile dans une transition, c’est quand on pense que le succès est en vue ».
Et elle a bien raison : la démocratie ne se fait pas en un jour. Que cela soit en Birmanie ou dans tout les pays touchés par le printemps arabe, on se rend compte que les mentalités des conservateurs ont la dent dure et que les changements structurels, mais surtout moraux/idéaux, n’interviendront que progressivement. Reste que pour l’instant le peuple birman a accueilli la venue d’Obama avec allégresse et a été plutôt satisfait de sa prestation.
Hm tout de même, il y a eu quelques maladresses diplomatiques telles que l’écorchement du nom d’Aung San Suu Kyi (Ang Yan Sou Tchi au lieu de Ang Yan Sou Tchi) et un combo enlacement/baiser spontané assez awkward (la coutume veut qu’on se salue en joignant les mains). Mais bon l’essentiel est là et, chose appréciable, Obama a utilisé le terme « Myanmar » pour qualifier la Birmanie plutôt que celui de « Burma » (qui renvoie à la colonisation et à une minorité ethnique spécifique).