Keita tient davantage de sa mère Midori (Machiko Ono) que de son père Ryota (Masaharu Fukuyama). Sensible, la tête dans les nuages, et profondément gentil à l’égard des autres. Un peu trop d’ailleurs selon Masaharu qui aimerait que son fils apprenne davantage à travailler dur. Non loin de là, Ryusei, qui a le même âge que Keita, tient davantage de son père Yudai (Lily Franky) que de sa mère Yukari (Yoko Maki).Facétieux, turbulent, et s’attachant facilement aux autres. Ce qui convient fort bien à Yukari. Bientôt, le destin de ces deux familles sera bouleversé.
Que cela fait plaisir de voir d’aussi beaux films. Minimaliste et sans ambages, l’oeuvre de Hirokazu Koreeda nous conte la vie de deux couples qui, alors que leurs fils respectifs viennent d’avoir cinq ans, apprennent qu’il y a eu un échange de nourrissons. Dès lors, et au lieu de produire du drama, c’est par de simples mots, de simples attitudes, de simples regards et de simples sourires que l’on saisit l’ampleur du mal-être qui s’installe. D’abord chez les parents. Ensuite chez Ryusei et Keita. Une souffrance d’autant plus vive que les deux familles sont issues de milieux sociaux très différents. L’une est aisée et vit à Tokyo. L’autre est très modeste et vit au jour-le-jour en province.
Et que dire de cette ambiance saisissante puisqu’au plus proche du réel ? Et que penser ces personnages qui, chacun à leur façon, parviennent à dégager suffisamment de force pour que l’on s’attache à eux. Notamment, l’évolution de Ryota est à la fois puissante et touchante. De même que sa relation avec le fragile Keita. Enfin, impossible ne pas mentionner ces douces mélopées de piano, seul et unique fil sonore du film, qui, conjuguées à une réalisation en orfèvre car attentive aux détails, subjuguent l’esprit. Profond, touchant, hypnotisant, vibrant. À n’en pas douter le film de de début d’année.