Sabrina est maghrébine, Dorcy est africain. Et ils s’aiment et veulent se marier. Problème : Sabrina a 40 « frères » dont certains n’acceptent pas du tout cette union. « Y aura pas de mariage Sabrina « : leur sentence, proclamée au nom de la religion et de dogmes « universels », est irrévocable. Qu’un rebeu et un renoi soient potes, pourquoi pas. Mais pas question qu’ils se mettent en couple et encore moins qu’ils se marient.
Et ces « principes », faisant fi de la liberté d’un individu à avoir ses propres valeurs et expériences, Slimane (le « grand frère ») veut les faire respecter à tout prix. Et pourtant, lui-même ne les respecte pas puisqu’il sort secrètement avec une femme…qui est de confession juive.
Un paradoxe à lui tout seul mais qui ne l’empêche pas de traquer maladivement Sabrina : ce mariage ne doit pas avoir lieu et il est prêt à tout les extrêmes pour ça. Du côté de Dorcy, la pression se fait également ressentir par ses amis et sa mère qui rejettent en bloc l’idée qu’il puisse se marier avec une arabe. Le jeune couple, quotidiennement mis sous pression, en vient ainsi peu à peu à regretter d’avoir officialisé leur union…
Filmé à la blédard (et pour cause Rachid Djaïdani n’a suivi aucune formation de réalisateur), Rengaine puise sa force dans la vigueur de ses dialogues et de son casting. Et pour cause, les acteurs étaient seulement guidés par des mots clés lors du tournage ! Il en ressort de l’œuvre un caractère brut de décoffrage qui fait vraiment plaisir à voir. D’autant plus que la plupart des films français préfèrent encore théâtraliser leur mise en scène et dialogues alors qu’il y a tellement, mais tellement plus, à gagner en immersion si on daignait à fluidifier les répliques pour leur conférer un cachet « vrai ». Récemment on retrouvait cette même pâte dans Polisse…qui date de plus d’un an.
D’accord sur le cachet brut du cast et de la réal mais, quand même, au niveau du fond j’ai trouvé que c’était un peu trop stéréotypé : par exemple les couples rebeus/renois qui ne sont pas aussi rares que ça dans les cités (bien au contraire) ! Du coup, même si j’ai retrouvé certains comportement typiques des religieux intégristes et butés, je n’ai pas retrouvé la même chose du côté de ceux qui sont plus modérés et tolérants. Une vision tronquée en quelque sorte que le réalisateur préfère assimiler à un « conte » moderne.
Pas d’accord : le réal montre bien qu’il existe une pluralité de comportements et d’attitudes mais qu’une forte majorité d’entre eux semblent avoir hérité d’une sorte de racisme latent et exacerbé par une frange radicalisée de l’islam (qui elle par contre est minoritaire mais se fait beaucoup entendre). Oui bien sur le film exagère la colère des opposants au mariage mais ça n’empêche que son rôle de garde-fou s’avère extrêmement utile dans la société où on vit actuellement. A n’en pas douter : l’un des films de cette fin d’année.