S’excuser pour la folie meurtrière de leurs congénères —> voilà où en sont réduits les citoyens d’origine américaine résidant à Okinawa. En avril dernier, une adolescente de 20 ans, Rina Shimabukuro, est portée disparue. Son corps fut retrouvé il y a deux semaines de ça et un suspect arrêté dans la foulée. Kenneth Franklin Shinzato, 32 ans et ex-marine US. Marié à une Japonaise avec laquelle il a eu un enfant, on ignore encore le mobile du crime. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il ne s’agit pas du premier fait divers morbide perpétré par un soldat US sur l’archipel d’Okinawa. Bien au contraire, c’est le dernier d’une longue série instaurée dès l’installation de la base militaire en 1945.
Nous sommes au lendemain de la capitulation japonaise suite aux bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. L’Empereur Japonais n’a d’autre choix que d’abdiquer et d’accepter les conditions de reddition des États-Unis. Entre autre : instaurer un régime de type démocratique et accepter l’installation de plusieurs bases militaires dans le pays. Et si cette présence imposée est au départ vécue comme fatidique par les Japonais, cela finit par ne plus être le cas à partir du 3 septembre 1955. Soit le jour où la jeune Yumiko-Chan, 6 ans, est violée et tuée par un soldat américain. Son corps sera retrouvé dans la décharge d’une base aérienne.
40 ans et un jour plus tard, le 4 septembre 1995 , trois marines US kidnappent une petite fille de 12 ans avant de la frapper et de la violer sur une plage. Voilà quelques exemples d’un longue lignée de viols, meurtres et autres ignominies ayant depuis parsemé l’île. Voilà pourquoi, vendredi dernier, plusieurs citoyens d’origine américaine et vivant à Okinawa ont tenu à manifester. Parce qu’ils tenaient à s’excuser pour cette vague de crimes commis par de mauvais « gaijin » (étrangers) se croyant impunis. Pour autant, et si on prend en considération la réputation catastrophique des marines US au Japon (même leur comportement, considéré comme irrespectueux, est décrié), je doute que cela soit assez. Aussi sincères soient les excuses de ces Américains n’ayant à coeur que de s’intégrer. Aujourd’hui, 47.000 soldats US continuent d’occuper le Japon dont plus de la moitié à Okinawa. La base principale devrait bientôt être déménagée dans une zone moins habitée. Mes pensées à la victimes, sa famille et ses proches.
