« Pourquoi moi ? » n’a de cesse de s’interroger Charlotte alors que son frère, Adolphus IV, vient de la marier au roi d’Angleterre, George III. « Il y a de bien pires destinées que la tienne » se contente de répondre son tuteur légal. « Bien pire que marier le roi ! ». Ce qui ne répond absolument pas à sa question. […] « Il est temps d’unir nos sociétés… » invoque la princesse et mère du roi, Augusta. « Voilà pourquoi vous produirez de nombreux héritiers… Autant que possible ! ». C’est à partir de ce moment que Charlotte comprit qu’elle devait fuir cet endroit au plus vite. […] « Puis-je vous aider ? » s’interroge un gentilhomme alors que la concernée tente d’escalader un mur. « Oui ! » répond celle-ci. « Aidez-moi à grimper ! ». « Pourquoi faire ? ». « Parce que je ne souhaite pas me marier ! Dépêchez-vous ! ». Ainsi commença le premier chapitre royal.
Que d’émotions pour ce qui restera sans doute le chapitre le plus réussi des Chroniques Bridgerton. Et, ironiquement, les principaux protagonistes ne portent pas le nom Bridgerton mais celui de leur régente. Celle-là même qui, par un caprice, une intuition, une envie de tromper l’ennui et la douleur, a fait se rencontrer Daphne Bridgerton et Simon Basset. Je savais, en ayant regardé les deux premières saisons, que le roi souffrait de démence. Et je m’attendais, se faisant, à une histoire d’amour poignante et tragique. Malgré cela, la dramaturgie est parvenue à me saisir dans des proportions inédites.
Quel audace ! Quel courage ! Quel caractère que celui de la Reine Charlotte ! Interprétée par une India Amarteifio et une Golda Rosheuvel impériales ! C’est fou comme India est parvenue à saisir les mimiques de son futur soi ! Au-delà de ça, l’écriture de son personnage, son odyssée à travers la maladie inéluctable de George, est impeccable. Foudroyante ! Et tellement triste. Mais belle ! Très belle. Trop belle pour être vraie. Cet éclat éclipse d’ailleurs les autres arcs narratifs pourtant intéressants. Dont celui de la jeune Lady Agatha qui, elle-aussi, aura dû se battre et sacrifier nombre de libertés pour obtenir SA liberté. Énième rappel du combat infernal des femmes qui, même aujourd’hui, tentent de survivre dans un monde d’hommes. À travers l’Amour. À travers l’Espoir.