« La Loi des Hommes n’est pas infaillible »
Ce soir-là, dans le train de l’Orient-Express, Hercule Poirot aurait aimé reposé son esprit. Sans cesse éprouvé par des enquêtes que lui-seul peut résoudre. Hélas, ce ne fut pas le cas. Bien au contraire, c’est sur ces rails que M. Poirot éprouva pour la première fois les limites de son talent. Le meurtre d’un homme à l’aura funeste. Un coupable intangible aux motivations troubles. Une quête absolue de justice. Une soif inextinguible de revanche. Des plaies béantes et des âmes meurtries. Des ténèbres si denses et une lumière d’autan qui ne reviendra plus jamais en ces lieux. Oui, ce soir-là, Hercule Poirot y laissa une partie de lui-même. « Et maintenant, cher ami, je peux enfin vous écrire cette lettre. Car les mots s’y sont dessinés à travers cet éprouvant voyage qui fut le mien. Pour autant, quelle poussière d’étoile comparée à l’enfer qui fut le vôtre. Jusqu’à la toute fin ».
Quelle oeuvre que ce Crime de l’Orient-Express ! Je tiens à préciser que je n’ai pas lu le bouquin de la légendaire Agatha Christie ! Résultat –> Le cliffhanger final fut pour ma part une surprise totale ! Pour autant, réduire la puissance de ce film par sa conclusion serait trop chiche. Nope ! Malgré quelques longueurs ci-et-là, la plus importante enquête de Hercule Poirot trouve en cette adaptation un bien bel écrin. Réalisation aux petits soins. Ambiance musicale fantastique. Casting AAA qui sied particulièrement aux personnages. Puis cette tristesse infernale qui se fait ressentir tout au long du film. Plus on en apprend sur les dessous de ce crime, plus notre regard s’assombrit face à la cruauté du monde. L’enfer se trouve t-il sur Terre ? Sans nul doute. Autrement, les âmes brisées ne seraient pas aussi visibles.
La première fois que j’ai écrit un article sur ce film, j’ai appris que le roman était tiré d’une histoire vraie. À savoir le kidnapping suivi du meurtre de l’enfant de Anne Morrow et Charles Lindberg en 1932. Un crime qui bouleversa à jamais l’Amérique. Ici, certains éléments ont été modifiés mais la substance reste. L’assassinat d’une âme pure et innocente. Suivi des brisures infinies des âmes qui y étaient reliées. On ne se remet jamais d’une telle tragédie. Non, jamais. Mais au moins peut-on espérer que justice soit rendue. Or, lorsque l’exercice de la loi s’avère infructueux, d’autres solutions nous viennent en tête. À voir si vous n’avez pas lu le livre car le final est particulièrement poignant. Il devient par contre plus difficile de le recommander aux lecteurs d’Agatha Christie ! Car les longueurs sont bien présentes et risquent de lasser. Qu’importe la magnificence du cadre et la présence forte de ces personnages torturés (aucune fausse note à déplorer). Pour ma part, je ressors de cette séance particulièrement marqué.
