Je sens l’article prise de tête. Enfin bref, c’est officiel : aux US, la proportion de célibataires vient de dépasser celle des couples pour la première fois depuis 1976. Allez, dans trois secondes, on essaye de feindre la surprise : 3…2…1… « Hooooooo (•_•) » À vrai dire, je suis davantage surpris que ça ait pris autant de temps. Car inutile de sortir d’Harvard pour réaliser que nous sommes devenu bien plus égoïstes et indépendants que nos parents et grands-parents l’étaient à notre âge.
Surtout : on rechigne à faire le moindre effort pour l’autre et on souhaite, avant tout, se focaliser sur notre propre bien-être et l’accomplissement de nos rêves professionnels. Une volonté de liberté et d’entreprendre qui, bien souvent, ne rentre pas vraiment en adéquation avec la notion de couple. Laquelle nécessite un minimum de sacrifice pour l’autre. Ne serait-ce qu’en termes de temps et…surtout en termes de temps quoi.
Pour prendre mon propre cas, après avoir enchainé trois relations sérieuses (1 an et demi, 2 ans et demi, 2 ans et demi), je n’éprouve PLUS DU TOUT l’envie d’être en couple. Ça bouffe du temps, ça bouffe de l’énergie, ça bouffe tout court. Puis, vu qu’on n’est pas à la base des monstres sans coeur, ça bouffe aussi nos émotions. Oui, vous savez ce truc parfois agréable, souvent désagréable, qui peut vous faire plonger dans un puits de dépression sans fond d’une seconde à l’autre.
Ça s’appelle la « Dépendance Affective du Cauchemar ». Autrement dit : on donne tellement de soi que, à partir d’un moment, le moindre trouble (dispute, rupture) peut se révéler catastrophique pour son bien être au quotidien. Résultat : la plupart d’entre nous voguent de partenaires en partenaires sans véritablement chercher quelque chose de sérieux. Pas d’engagements, pas de dépendance, pas de risque : bref, la liberté. À moins de tomber sur la femme ou l’homme de sa vie (une chance sur 1 000 000). Et là, vous pouvez oublier tout ce que je viens de dire.
Bigre, quel concentré de purs clichés typiques du bellâtre blasé tout juste extirpé de sa chrysalide adolescente luisante de sébum (chrysalide de laquelle je me suis débarrassée y’a peu, je suis pas une vieille aigrie mal baisée, ndlr)…
T’es qui pour balancer de façon aussi catégorique autant de conneries ? Tu bosses à l’INSEE, t’as mené des études randomisées en double-aveugle, disséqué des rats et étudié l’influence du capitalisme débridé sur leurs moeurs copulatoires ?
Ton cas ou celui de tes potes ne constituent pas une vérité absolue : si tu sembles considérer la relation amoureuse comme une corvée, alors pauvre de toi. Je te souhaite néanmoins une vie pleine de « réussite professionnelle », histoire que tu puisses investir dans une belle garçonnière et te baigner dans du champagne.
Outre ceci (après tout, chacun fait ce qu’il veut de ses organes génitaux et de sa vie en général), il serait bon que tu apprennes à enrichir ta palette de nuances sentimentales : les statuts FB ne décrivent pas toujours bien la complexité des rapports humains, hein… Et surtout, que tu évites de te la jouer sociologue discount / grand sage à l’oeil aiguisé et aguerri.
Tu pars des résultats d’une étude qui dit qu’il y a plus de célibataires que de personnes en couple (fait intrigant et prompt à discussion, je dis pas le contraire) et tu étayes ton « analyse » avec des vidéos Youtube faites par des gamins : tu piges l’aberration ?
En fait, tu sembles confondre « passion » et « amour » (mais si ça te rassure, t’es pas le seul). La première est fugace, violente, indomptable, fait vendre des bouquins de Marc Lévy, fascine. C’est l’ascenseur émotionnel, la loi de la gravitation, « plus c’est intense, plus ça fait mal quand ça se casse la gueule ». En outre, lorsqu’elle s’étiole et qu’il n’y a rien derrière, les deux protagonistes ont une impression de gueule de bois parfum guimauve, et le sentiment de s’être fait avoir sur la marchandise.
L’amour, lui, est plus rare. L’amour est inconditionnel, parfois (amour filial, par exemple). L’amour n’est pas forcément « passionnant » au sens premier du terme : l’histoire d’un couple de soixante-dix berges ne fait, de prime abord, pas rêver. Et pourtant, que de force ne faut-il pas pour en arriver là !
Car là est la distinction principale : si la passion décroît avec le temps, l’amour, lui, grandit chaque jour.
Être en couple, certes, ce n’est pas toujours une partie de plaisir, et c’est ce qui peut sembler dingue : c’est pourtant vrai. Être deux, c’est parfois galère, chiant. Être deux, c’est surmonter des trucs pas glamour comme la maladie, la perte d’un proche, la fragilité psychologique…
Et justement, l’amour c’est ça : ce n’est pas une destination ou un but à atteindre, c’est le chemin pour y parvenir.
Mais dans un monde où tout s’obtient très vite et très simplement, la notion même « de satisfaction de l’effort sans récompense » est, hélas, assez obsolète. Nous ne savons plus patienter, ni effectuer de tâche longue. Ca se vérifie partout, tout le temps. Même dans les sentiments humains, ce qui est carrément flippant.
Généralement, lorsque je tombe sur ce type d’article, aussi creux et dénué de pertinence, je me contente de faire abstraction…
Mais là, j’sais pas, je me dis qu’ouvrir le débat et surtout y distiller un minimum de vérité pourra peut-être booster mon karma.
Dat post (⌐■_■)
Rien que pour le style et la pertinence de ton écrit, respect ! Pour le reste, je crains que nous ne soyons jamais d’accord. Je veux dire, c’est bien beau ce que tu dis, j’aimerais bien n’être qu’un bellâtre blasé n’ayant jamais connu l’amour. Sauf que non, j’ai eu trois relations sérieuses à la suite. Donc je SAIS ce que signifie être en couple et c’est bien pour cette raison que, dorénavant, je fais en sorte de rester célibataire.
Aimer, être aimé, c’est donner une partie de soi, une partie de son innocence qui, en cas de rupture, disparait à tout jamais (au mieux, on a une assiette réparée mais qui restera brisée ). Or, arrive un moment où il ne reste plus grand chose.
Et donc, je ne me dis ceci : soit je reste célibataire afin de préserver le peu d’innocence qu’il me reste (et ne pas tomber dans la facilité en me mettant en couple avec le ou la première venue comme presque tout le monde le fait), soit j’attends de tomber, un jour, sur celle qui pourrait être la femme de ma vie. En 4 ans de célibat, je n’ai eu cette impression qu’une seule fois et ça n’a pas marché.
Enfin, ne va pas croire que tu détiens ce « minimum de vérité » quant à l’amour qui est tout sauf une science exacte. Au contraire, chaque personne qui l’a connu (très souvent de manière fugace) détient sa part de vérité. Et ce serait être incroyablement imbus de sa personne et de son expérience pour prétendre être expert(e) en la matière.
Bref, il est 5 heures passées du matin, je vais me coucher.