
Depuis la mort de Neteyam, tout a changé. Neytiri se mure dans la tristesse et la haine. Jake, lui, ne cesse de s’occuper pour ne pas avoir à penser à la plaie béante qui siège dans son coeur. Enfin, Lo’ak s’en veut pour avoir, malgré lui, provoqué la mort de son modèle. Mais alors que les blessures peinent à cicatriser, voilà que le devenir de Spider dans Awa’atlu, village récifal du clan Metkayina, devient incertain. Les batteries pour son masque d’oxygène s’épuisent et, surtout, Neytiri ne peut s’empêcher de le percevoir sous le prisme de la race. Celle qui lui a enlevé son fils. « Qui aurait pensé qu’après ça, nous nous élèverions dans un ciel fait de feu et de cendres ? ».

Techniquement, cette troisième itération de Avatar est toujours aussi sidérante. Tant et si bien que je peux affirmer que la vallée de l’Uncanny, phénomène provoquant un sentiment de gêne lorsque des images de synthèse se veulent réalistes mais pas au point de l’être vraiment, est bel et bien franchie. Qu’il s’agisse de la faune, de la flore ou des Na’vis, tout parait vrai. Tout parait organique. Et que c’est beau ! Sur ce seul point, Avatar vaudra toujours le passage dans une salle de cinéma. Avec la 3D, si possible. La saga de James Cameron, faisant comme toujours figure d’exception qui confirme la règle. Cette profondeur constante et naturelle renforce indéniablement l’immersion dans Pandora.

C’est sur le point narratif que Avatar III peine à convaincre. J’avais été davantage convaincu par l’odyssée du deux. Le rite d’initiation à l’océan, la dramaturgie prenante entourant le devenir de Neteyam, la colère de Mère Nature face aux sévices de l’être humain. Hélas, cette fois-ci, je n’étais pas aussi pris par le récit. Outre les facilités scénaristiques, ce sont surtout les focus qui ne vont pas. La nemesis de Feu et de Cendre dispose d’une bonne première partie où on comprend mieux sa colère et son rejet de la divinité Eywa après que son peuple ait été victime d’un cataclysme. Mais rien ou presque lors de la deuxième partie où elle se contente de jouer la méchante. Idem pour la famille de Neytiri qui ne dispose pas de suffisamment d’exposition narrative mis à part Kiri et sa connexion mystique avec Eywa. Là, pour le coup, ça allait. De même pour Spider et sa volonté d’être intégré aux Na’vis.

Quant à Miles Quaritch, si son personnage avait le mérite d’être approfondi dans la Voie de l’Eau via son expérience en tant que Na’vi et son rôle de père vis-à-vis de Spider, ici, il se contente de « fa ire le méchant » tout en dansant entre deux eaux dès lors que le devenir de son fils est dans la balance. Dans l’ensemble, De Feu et de Cendres reste divertissant et prenant. Mais tout de même, qu’il est dommage que la narration ne soit pas aussi ciselée que le visuel. Même la dramaturgie n’est pas aussi vive que celle de la Voie de l’Eau. Surgissant inopinément et mal amenée. Au point qu’on ne parvient pas vraiment à s’émouvoir. En espérant que le quatrième volet revienne à l’équilibre pertinent du deuxième.

