Représentée par une majeure partie de racistes purs et durs, la ville de Selma est l’endroit parfait pour le Dr. Martin Luther King. Notamment si lui et ses compatriotes cherchent à forcer la main du président Johnson quant à la signature d’un droit de vote inconditionnel, ferme et définitif, des citoyens afro-américains. Mais la campagne risque d’être longue et douloureuse : car les ennemis sont nombreux et n’hésiteront pas à verser du sang de « nègre » s’il le faut. Seulement, ce que ces gens-là n’ont pas compris, c’est que le mouvement d’égalité n’appartient pas à Luther King. Il appartient d’ores et déjà à l’histoire.
Sans surprise, nous avons ici affaire à un biopic à la fois fidèle et saisissant d’un aspect essentiel de la vie de Martin Luther King Jr. : la marche de Selma (et la traversée du « Edmund Pettus Bridge ») jusqu’à Montgomery. Soit la manifestation qui aura enfin permis d’éveiller les consciences américaines quant au racisme flagrant et latent du pays vis-à-vis d’une partie de ses enfants. Malheureusement, et cela King l’avait très bien compris, le spectaculaire et le drama sont nécessaires afin de faire bouger les choses. Y compris, dans le cas présent, les morts de Jimmie Lee Jackson et James Reeb.
« Selma » retranscrit d’ailleurs ces évènements, ainsi que toutes les autres morts, intimidations et violences, sans concessions et avec tout le choc que cela implique. Je pense notamment à la scène du début et cette bombe qui explose en pleine église noire. De nombreuses personnes, y compris des enfants, y laisseront la vie. Quant à David Oyelowo, celui-ci incarne Martin Luther King avec suffisamment de prestance, d’énergie et de charisme pour qu’on y croit un minimum. De même, la superbe Carmen Ejogo incarne parfaitement Coretta Scott King. À voir ne serait-ce que pour la leçon d’histoire.